9 juin 1983. Le Parti Conservateur de Grande-Bretagne gagne les élections pour un deuxième mandat. On ne se rendra jamais assez compte de l’influence du Thatcherisme et de sa doctrine nauséabonde sur le mouvement musical underground. Une vague de groupes morts-nés déferle sur le royaume et se dresse contre la suffisance, l’inertie et le compromis. Véritable descente dans les tréfonds des poubelles de l’histoire, cette compilation déterre de bien beaux cadavres encore fumants. Refusant l’oubli par la grâce d’un doigt tendu bien haut. Surgissent The Membranes qui n’avaient rien à envier aux premiers Bauhaus, The Noseflutes, enfants illégitimes de Wire et des Buzzcocks. Punk, post-punk rachitique, guitares rongées jusqu’à l’os, tous ces groupes gardaient la flamme pendant que le monde entier se touchait en écoutant religieusement Spandau Ballet, Kajagoogoo ou Duran Duran. Qui a déjà entendu parler des Nightingales, des Shrubs, de Pigbros ou de Big Flame ? Une armée de zombies entourée et chapeautée par The Fall et les ahurissants The Ex ( notes de pochette : ‘Oui, nous savons qu’ils ne sont pas Anglais, mais aucune compilation underground ne peut se permettre de faire l’impasse sur The Ex. Des objections ?’). Mention spéciale à Dog Faced Hermans et sa chanteuse possédée et aux Inca Babies, les Cramps insulaires, dont le rédacteur désormais hanté recherche désespérément toutes traces. En guise d’orgasme, un Fuck America (Jackdaw With Crowbar) qui, nul besoin de trop y réfléchir, semble toujours d’actualité.
Ps : Ce disque est respectueusement dédié à la mémoire de John Peel, sans qui évidemment…