Après le résultat mitigé de l’éponyme, trois ans auparavant, fans et critiques attendaient Deftones au tournant. Au vu d’une sortie sans cesse repoussée et d’un single porte-drapeau pas vraiment exceptionnel, additionné à l’un des plus mauvais clip vidéo jamais réalisé (« Hole in the Earth »), on aurait pu légitimement penser que le pire était à venir. Cette bonne blague ! Entre deux ou trois repas concoctés par sa jolie et tendre moitié, Chino Moreno a trouvé le courage de passer la porte du studio pour rejoindre ses quatre confrères californiens et créer l’une des plus belles œuvres du groupe. « Saturday Night Wrist » est ce qu’on pourrait qualifier de chaînon manquant entre « Around The Fur » et « White Poney ». Entre hymnes brut de décoffrage (« Rapture », « Rats!Rats!Rats! », « Combat ») et odes prodigieusement salvatrices (« Beware », « Cherry Waves », « Rivière »), les Deftones se renouvellent et surprennent sans cesse, là où d’autres stagnent lamentablement sur les mêmes notes et les mêmes thèmes (Korn, pour ne pas les citer). Vocalement, Moreno déploie plus que jamais un arsenal d’émotions toujours bien placées. Une simple écoute de l’époustouflante tirade d’adieu « Xerxes », belle à en pleurer, suffit à en témoigner. Ce cinquième ouvrage, agrémenté d’un magistral morceaux instrumental (« U,U,D,D,L,R,L,R,A,B,Select,Start »), compte la discrète mais dispensable présence de Serj Tankian (System Of A Down) sur un « Mein » efficace. Moins timide, Annie Hardy (Giant Drag) partage le micro de Chino sur le politiquement incorrect « Pink Cellphone », titre tièdement accueilli par les fans. En cause, un son trop Team Sleep-esque et le monologue final d’Annie Hardy, très cru mais pourtant hilarant (à condition d’être amplement second degré). Ayant pour sujet la sodomie à l’anglaise, ce dernier a tout simplement été amputé de la version finale du disque. Il n’est d’ailleurs inclus que dans la version ‘Parental Advisory’, disponible uniquement aux States et, roulement de tambours… en Grande-Bretagne. Si « White Poney » reste inégalable, « Saturday Night Wrist » devrait réconcilier les fans déçus de l’éponyme. Un joli 4 sur 5 pour la discographie d’un combo dont la virtuosité s’amplifie à la même allure que le tour de taille de son leader...