Aujourd’hui, il n’existe pas deux groupes comme Electrelane. Retournez l’information sous toutes ses coutures et méditez en paix. Tout commence en 1998, à Brighton, lorsque quatre filles au teint pâle se mettent en tête de jouer de la musique. Dans un premier temps, les mots manquent. Les premières compositions d’Electrelane sont essentiellement instrumentales, inspirées du kraut rock, du post-rock. Dans ce curieux décor, le synthé fait son apparition, recouvrant ces mélodies hypnotiques de nappes atmosphériques. Le groupe trouve alors un équilibre, un cheval de bataille. La discographie d’Electrelane devait ainsi éclore. Trois albums : « Rock It To The Moon » (2001), « The Power Out » (2004), « Axes » (2005).
Ces disques, toujours meilleurs, font le bonheur d’un cercle restreint d’amateurs en chaleur. Car, soyons honnête, Electrelane adopte une attitude sans compromis. Capables de rafraîchir le paysage musical en un tour de main (écouter attentivement « Power Out »), les filles n’hésiteront pas une seule seconde à s’oublier pour mieux se renouveler. Chaque disque du quatuor sonnant ainsi comme une véritable renaissance.
Echantillonnage pertinent de la carrière du groupe, ce « Singles, B-Sides & Live » offre un aperçu des innombrables talents d’Electrelane : quelques singles de derrière les fagots, des faces B à pleurer et des traces de concerts survoltés. Les cinq premiers titres du disque présentent des compositions restées dans les tiroirs de labels épars. Ces instrumentaux ont la rage au ventre (« U.O.R »), les sens en alerte (« Come On »). Aussi, les mots commencent-ils à se faire entendre dès les premiers accords de « I Want To Be The President » (originellement publié en 2002 sur un Ep éponyme). Ici, le synthé semble incontrôlable, comme fou. Il part dans tous les sens. Impossible de l’arrêter. Ruptures, coupures, loopings. On pique du nez, avant de redresser de justesse. Proche de la démence, on se ramasse « I Only Always Think », ballade kraut pop (si, c’est possible) à vous couper le souffle. Comme dans une chapelle, les chœurs féminins emplissent l’espace. Dans ce lieux de culte, on loue des saints aux noms étranges : Velvet Underground, Sonic Youth, Stereolab, Broadcast.
Par ailleurs, « Singles, B-Sides & Live » permet de faire connaissance avec les amis et adorateurs du quatuor féminin. Steve Albini (également à la production chez les Pixies, Nirvana ou Mclusky) propose sa nouvelle version de « Long Dark ». Entre no-wave, post-rock et rock’n’roll, son cœur balance. Celui de John Peel (ex animateur vedette de BBC Radio 1) a cessé de battre. N’empêche, on n’oubliera pas sa session (« Oh Sombra ! ») commise en compagnie d’Electrelane. Plusieurs moments captés sur scène viennent aussi renforcer le propos (l’infaillible « Birds »). En fin de parcours, l’apothéose assassinée de « Today » (ce larsen dantesque) laisse entrevoir un avenir exonéré de concessions. Au final, l’effet Electrelane (encore mieux que l’effet Kiss cool) est logique : une claque à portée de mains !