A l’écoute d’une telle plaque, il est difficile de saisir la relative résistance du public face à Anthony Gonzalez, alias M83. Alors que celui-ci devrait l’aduler, le Français semble tout simplement ignoré (NDR : le concert accordé dans une AB à moitié vide en est la plus belle illustration). Il est vrai que le départ en 2005 de Nicolas Fromageau, bras droit de Gonzalez, a donné du fil à retordre à ce dernier qui semblait avoir du mal à réinventer le projet. Les deux ouvrages précédents étaient en effet loin d’être passionnants. Mais ce « Saturdays=Youth » devrait changer la donne pour Gonzalez et ses deux musiciens, Loïc Maurin et une certaine Morgan Kibby, impliquée déjà au sein de The Romanovs.
Contemplatif à souhait, ce cinquième recueil marie pertinemment shoegaze, pop et electronica. Toutes guitares en avant depuis « Before The Dawn Heals Us » (2005), les compositions de la formation conservent l’atmosphère ambient des travaux précédents à laquelle vient se greffer une nostalgie étonnante. En effet, Gonzalez, à peine âgé de 26 ans, évoque l’adolescence avec une maturité incroyable et la transpose dans un univers 80s extraordinairement précis. Un peu comme s’il avait véritablement vécu cette période de sa vie durant cette décennie.
En plus de constituer une agréable ode à l’adolescence, « Saturdays=Youth » célèbre également l’été à l’aide d’hymnes estivaux terriblement envoûtants, tels que de grandioses « Couleurs », « Too Late », « You, Appearing » et des époustouflants « Kim & Jessie » et « Graveyard Girl ». A ceux-ci s’ajoutent « Skin Of The Night » et « We Own The Sky », deux jolies complaintes interprétées par Morgan Kibby dont les vocalises rappellent incontestablement celles de Kate Bush. Mais c’est également à la dame que l’on doit le fragment le moins intéressant de la plaque, un « Up! » trop plat pour susciter un quelconque intérêt. « Saturdays=Youth » sur un « Midnight Souls Still Remain » intriguant et semblant tout droit issu de la bande son de la série Twin Peaks. Une belle réussite.