Au beau milieu des eighties sont nés des tas de groupes affublés de patronymes les plus ridicules les uns que les autres : Half Man Half Biscuit, Pop Will Eat Itself, The Men They Could'nt Hang, Gay Bykers On Acid et bien sûr Camper Van Beethoven. A la tête de ce combo : John Lowery. Un compositeur/chanteur dont les lyrics étaient souvent empreints d’humour dadaïste. Un peu dans l’esprit d’un certain Frank Zappa. Et puis un violoniste français établi en Californie : Jonathan Segel.
La formation va se forger une réputation légendaire, au sein du milieu underground, en commettant toute une série d’albums les plus éclectiques les uns que les autres et puis quelques hits dont le notoire « Take the skinheads bowling », un titre qui sera repris plus tard par le Manic Street Preachers et surtout le Teenage Fan Club. La version de ces derniers ayant d’ailleurs été retenue pour figurer sur la bande sonore du film de Michael Moore, « Bowling for Columbia ». Sans oublier l’ondoyant « Good guys and bad guys ». A l’origine la formation était même considérée comme issue une émanation de la scène dite ‘college’. Et puis le combo va aligner les elpees ; mais en ne s’écartant jamais de son objectif premier : l’originalité. Une originalité née d’un mélange de styles souvent forts divergents : country, cajun, ska, new wave, folk, punk, musique d’Europe de l’Est, psychédélisme, raga indien et j’en passe. Le groupe va cependant splitter en 1990, après le départ du violoniste, et Lowery va se lancer dans l’aventure Cracker. Quoique fort intéressante et ponctuée par le tube « Low », son nouveau projet ne tiendra cependant pas la route. Si bien que le combo décide de se reformer en 2000. Et en registre « Tusk » en 2002 et « New roman times » en 2004. « Popular songs of great enduring strength and beauty » réunit 18 morceaux représentatifs de leurs presque 25 ans de carrière. On y retrouve les grands standards susvisés, ainsi que des morceaux aussi caractéristiques que « Skinhead stomp » (NDR : le « Night boat to Cairo » avant l’heure de Madness), le délicat et loufoque « ZZ Top goes to Egypt », balayé par ces interventions de violon tellement graciles, l’étonnant reggae psyché « Seven language », le trip hallucinatoire « Circles », l’enjoué « Border ska » ou encore le contagieux « The day that Lassie went to the moon », parcouru par ces fameux claviers ‘vintage’.
Cinq titres de « Our beloved revolutionary sweetheart » (1988) et de « Key lime pie » (1989) ont été totalement réenregistrés. Et pour cause, Virgin a refusé de revendre les droits des chansons à leurs auteurs. Suffisait donc de retourner en studio pour les réinterpréter. Et surtout fallait oser s’y risquer. Et comme les nouvelles versions remasterisées sont encore meilleures… Tiens, si vous vous demandez où Tapes’ n Tapes et Vampire Weekend puisent leurs sources d’inspiration, ne cherchez plus ! Ecoutez ce disque, vous y trouverez la réponse…