Confirmation, Bruce Gilbert a donc bien quitté le navire. Et si l’ex-Laika, Margaret Fiedler McGinnis, le remplace en live, sur disque, le line up est bien réduit à un trio. Un peu comme lorsque Robert Grey (alias Gotobed) avait décidé de prendre congé du groupe début des années 90. A l’époque, la formation s’était rebaptisée Wir. Alors pourquoi pas Wie, Wre ou encore Ire ? Probablement, parce que ces patronymes manquaient de symbolique susceptible de rappeler leur identité originelle.
Bref, venons-en à leur nouvel opus. Il s’intitule « Object 47 » parce qu’il s’agit de leur 47ème enregistrement, en tenant compte des albums, Eps et compilations. Par contre, on est bien en présence de leur 11ème elpee. Neuf titres en 35 minutes. Ce qui change de leurs opus prolixes. Autre métamorphose importante, l’aspect pop est davantage mis en évidence. A l’instar de l’hymnique « One of us » qui ouvre le disque. Refrain et couplets sont tout aussi contagieux. Le groove de basse est puissant. Le climat à la fois allègre et menaçant. Un titre hyper mélodique et dansant qui mériterait de faire un tube ! Tout aussi pop et dansant, « Mekon headman » est néanmoins plus dense ; et les guitares en couches s’inscrivent davantage dans l’esprit de « Pink Flag ». Enfin, dans le même registre, on relèvera encore la présence de « Four long years ». Imprimée sur un mid tempo, cette plage ténébreuse a davantage recours à l’électronique. Un style électro qui contamine totalement « Hard currency », un morceau obsessionnel, semi indus, semi trip hop, qui aurait pu naître d’une rencontre entre Massive Attack et Jesus Jones. Reptilien, lancinant et de mauvaise augure, « Circumspect » renoue vaguement avec l’ère du ‘baggy’. « Are you ready » nous entraîne dans une danse macabre. Le rythme est asymétrique. La basse pulsante. Et le message ouvertement politique. Plus étonnant, « Patient flees » évolue sur un tempo particulièrement lent. Si les cordes de guitare sont vibrantes, la ligne de basse est paresseuse et profondément dub. Quant aux vocaux, mi-chantés, mi-déclamés, ils épousent à nouveau une forme hymnique. Deux titres plus punks quand même. Tout d’abord « Perspex icon », même si les harmonies vocales contrastent par leur limpidité. Et puis le morceau final, « All fours », une compo sur laquelle Page Hamilton (Helmet) est venu déverser ses rafales de feedback ; la voix de Colin Newman posant des tas de questions et sa gratte se chargeant d’y répondre. Un titre menaçant, âpre, frénétique, qui aurait pu d’ailleurs figurer sur l’album « Send ». Autre évolution, les (backing) vocaux de Graham Lewis sont bien plus présents et apportent davantage d’équilibre aux mélodies. Maintenant, il faut reconnaître que la nouvelle orientation de Wire semble de plus en plus dictée par Colin Newman. Ce qui explique que parfois, en écoutant cet « Object 47 », on a l’impression de retrouver l’univers sonore de Githead.