‘Même si je suis un chanteur de punk-rock, les racines de mon chant sont mon enfance dans le Wisconsin et les réunions de famille dans l´Indiana. Pour la plus grande partie de ma vie, la musique traditionnelle de l´Amérique rurale a constitué la bande originale de ma vie et de mes routines quotidiennes.’ Pareil discours émanant du frontman des Bad Religion peut surprendre ! C´est pourtant dans une ambiance folk/country que Greg Graffin taille ce second effort solo, neuf ans après « American Lesion ». Banjo, mandoline, violon… Un retour aux sources à mille lieues des champs de guitares saturées du punk, où il puise aussi bien dans les traditionnels américains des 18e et 19e siècles que dans ses compositions personnelles.
Contrairement à « American Lesion », enregistré presque seul, Greg Graffin a ici choisi de s´entourer. On retrouve autour de lui des membres du groupe indie rock canadien The Weakerthans ainsi que la vocaliste Jolie Holland. Côté production, on reste en famille avec Brett Gurewitz (plus connu comme « Mr Brett » au sein des Bad Religion) aux manettes.
Force est d´avouer que l´ensemble fonctionne. Réalisé le plus sincèrement du monde, il possède a priori tout pour plaire aux amateurs de musique américaine traditionnelle, pour peu que ceux-ci ne s´arrêtent pas à l´étiquette keupon du lascar. « Don´t Be Afraid To Run » possède un parfum oscillant entre Springsteen et Dylan, la très belle voix de Jolie Holland berce « Talk About Suffering », l´harmonica et le violon de « Willie Moore » participent à l´atmosphère un peu western de la plupart des titres… Seul « Omie To Wise » semble s’abandonner un peu trop dans le pathos. Le type même de la ballade triste à se pendre ! Mais la perfection n´a jamais été de ce monde.
Une très belle preuve d’éclectisme.