Dix ans après avoir commis leur premier EP, Goo Goo Blown (le bonhomme) nous invite à nouveau dans leur monde fantastique et glauque. Premier album de la formation, « Devilish FantaZiäh » commence de la plus belle manière par « I’ve got my own private killing company for assisted suicides (Corporate And National Death Yard) », un fragment sculpté dans le rock puissant qui donne le ton dramatico-gothique à l´ensemble de l´œuvre. On est immédiatement séduit par la symphonie des violons, évoquant The Divine Comedy. Après trois morceaux rock musclés aux accents métal, se succèdent de nombreuses ballades chantées tantôt en anglais, tantôt en français. L´une d´entre elles (« Bal(l)ade nocturne ») s’ouvre même dans un registre proche de Radiohead. Plus les titres défilent, plus l´atmosphère devient macabre et démentielle. Sans jamais pourtant se départir d’une dose d’originalité certaine qui fait de cette plaque, une œuvre surprenante. Cette folie noire atteint son apogée sur « Le cabinet des fées » et « Fantaisie démonacale ». L´album s’achève par un excellent morceau digne du Placebo au sommet de son art (« Daisy Soup & Pork Breast (to nuzzle in Dunwich) »). Bien que toutes les pistes soient musicalement séduisantes, en particulier lorsque le violon est mis à l´honneur, les chansons interprétées dans la langue de Shakespeare sont généralement meilleures. Quant à la voix, il ne s´agit malheureusement pas de l´atout principal du trio parisien. Celle-ci se révèle en effet souvent le maillon faible. Pas toujours en phase, elle soutient difficilement la comparaison face à la force des mélodies. Malgré tout, on appréciera le côté lugubre et décalé de « Devilish FantaZiäh », qui évoque l´univers de Tim Burton.