Memo est un harmoniciste texan qui jouit d’une énorme popularité en Europe ; et plus particulièrement en Allemagne où il s’est établi depuis quelques années. Il n’a cependant rejoint les Bluescasters qu’en 1995, une formation jusqu’alors drivée par Kai Strauss. Sous le nouveau line up, le groupe commet un premier album en 1996 : "Let's all get drunk and get tattooed". Puis "10,000 miles" en 98 et "Big time in big D" en 2003, un opus concocté chez lui, au Texas, pour lequel il avait reçu le concours des gratteurs locaux, Anson Funderburgh, Mike Morgan et Johnny Moeller. Excusez du peu! Flanqué de ses Bluescasters, Memo accorde plus de 120 concerts par an. Une espace au sein duquel il y démontre toute l’étendue de son talent. Cosmopolite, le line up de base des Bluescasters implique le gratteur allemand Kai Strauss, le bassiste turc Erkan Ozdemir et le batteur hollandais Henk Punter (NDR : un membre fondateur de T-99). Cependant, à l’époque de l’enregistrement de cet elpee - immortalisé live au Famous Monday Blues d’Oxford, en novembe 2004 - le rôle de bassiste était encore dévolu au Teuton Klaus Schnirring.
Le quartet démarre pied au plancher par "You got me rollin'". L’ambiance transpire la Louisiane. Alerte, la guitare de Kai vagabonde au gré des sentiers, au bord des bayous. "I've been thinking" trace un axe Chicago Los Angeles. Créatif, Kai n’hésite pas à prendre un billet de sortie, passant en deux trois mouvements du swing de la West Coast au blues urbain de la Cité des vents. Le début du set est assez varié. Strauss s’y réserve les vocaux. Très rock'n'roll, mais dans un style texan, son. "What you're doing to me" évolue sensiblement dans un registre proche de Jimmie Vaughan. Blues lent épique de huit minutes, "Greyhound" est une nouvelle occasion accordée à Kai de se révéler l'animateur le plus talentueux du quartet. La montée en puissance de son solo y est absolument incroyable. "Angel in high heels" change à nouveau de cap en optant pour le West Coast swing. Memo chante autoritairement alors que Kai s’inspire, pour la circonstance, des gratteurs issus de L.A ; et en particulier Hollywood Fats, Kid Ramos et Alex Schultz. Une intervention brillante qu’il reconduit sur "Tell me what's the reason", plage dont le rythme est entretenu par la basse d'Erkan. Au milieu du concert, la formation s’offre un petit intermède. En l’occurrence une cover d’"His latest flame", une compo signée Doc Pomus et Mort Shuman qui figurait au répertoire d'Elvis Presley. Le combo embraie alors par un boogie, cheval de bataille sur les planches, monté à partir de titres tels que le "I wanna ramble" de Junior Parker et le "Feelin' good" de Magic Sam. Pour la circonstance, Strauss parvient encore à réunir la quintessence des gratteurs du Westside. Ce qui ne l’empêche pas d’y ajouter un zeste de swing ; et puis surtout de s'envoler à travers "You got what you wanted". Un regret : il faut attendre la fin de concert pour que le géant Memo se décide enfin de faire décoller avec son harmo pour un "I wanna ask you pretty baby" réminiscent des meilleurs moments des TBirds. D’excellente facture, cet elpee (NDR : ou plus exactement ce concert) s’achève par le décapant "Big time operator".