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Shaka Ponk - 14/03/2024

Lost & Found Spécial

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Avant sa mort, Muddy Waters avait déclaré que John Long était le meilleur jeune artiste de country blues encore en vie. Considéré par les spécialistes comme un véritable trésor national, John est né à St Louis, dans le Missouri. En 1950. Très jeune, il écoutait déjà les 78 tours de jazz et R&B de sa mère ou se postait devant sa radio pour écouter les programmes consacrés à la musique noire. Au début des années 60, il milite au sein d’un groupe de rock’n’roll et de R&B, en compagnie de son frère : les Mystics. Mais il séjourne régulièrement à St Louis où il côtoie de vieux bluesmen comme Big Joe Williams et Doc Terry. A l’aube des seventies, il atterrit à Chicago où il fréquente assidûment Homesick James Williamson. Ce dernier lui enseigne pas mal de ficelles. Il existe très peu de témoignages enregistrés de John Long. Ce qui explique pourquoi il est demeuré si longtemps méconnu. Il aura fallu qu'une de ses démos tombe dans les mains d'Al Blake, le chanteur/harmoniciste du Hollywood Fats Band et des Hollywood Blue Flames, pour le sortir de l’anonymat. Mis au parfum, Randy Chortkoff, boss de Delta Groove (NDR : dynamique label blues de Los Angeles), lui offre enfin l’opportunité de graver un album éponyme. Sous le charme, Chortkoff a le sentiment que cette découverte est semblable à celle d'Alan Lomax, lorsqu'il a invité Muddy Waters à entrer en studio, pour la toute première fois. John Long semble sorti tout droit des années glorieuses d'avant-guerre. Un bluesman pur et dur qui évolue sur le même terrain que Tampa Red, Scrapper Blackwell ou Peetie Wheatstraw. L'elpee a été concocté en une journée. A Burbank, en Californie. Long a composé la plupart des compos du disque. Il a cependant reçu le concours de son frère Claude pour quatre plages. A l’écriture. John chante, joue de la guitare et de l'harmonica. Fred Kaplan (NDR : un acolyte de longue date d'Al Blake) le soutient au piano pour trois morceaux.

Entièrement respectueux du blues ancestral, John chante "Hokum town" d’une voix vivace. Il la met cependant au service de la composition. Expert dans le traitement des cordes, ses attaques sont sans fioritures. Il les place pourtant au coeur de la tradition musicale. Et on ne peut alors s’empêcher de penser aux créateurs depuis longtemps disparus tels que Charlie Patton, Son House ou Willie Brown. "Pressure cooker ('bout to blow)" est imprimé sur un tempo bien marqué. John y ajoute l'harmonica ; mais il évolue ici dans un registre rythmique bien plus proche d’un Jimmy Reed. Fred Kaplan le rejoint au piano pour "Hell cat". Long manifeste une authenticité stupéfiante lors de léger blues alliant guitare et piano. Imaginez-vous soixante ans plus tôt à l’écoute de Leroy Carr et Scrapper Blackwell, Big Bill Broonzy ou encore de Big Maceo Merryweather, un peu plus tard. Authentique, il l’est tout autant sur "Blues and boogie woogie". Ce chanteur/guitariste se met dans la peau des artistes delta blues les plus significatifs. Et je pense tout particulièrement à Robert Johnson. Voire à Tommy Johnson. D’ailleurs cette compo aurait fait un malheur si elle avait été interprétée par le Canned Heat de Bob Hite et Alan Wilson! "Foot stompin' daddy" est de la même trempe. Et signé par son frangin, "Greyhound diver" joue les prolongations. Nuance : la présence d’un bottleneck ; et puis la voix est bien plus mâle que celle du légendaire Johnson! "Stranglevine" constitue un des meilleurs moments de l’elpee. Kaplan s’y réserve le piano. Long gratte en soufflant dans son harmo posé sur le rack. Nous ne sommes alors plus très loin d’un classique du blues comme "It hurts me too". A moins que ce ne soit de Big Bill Broonzy. A cause de la sobriété et de la facilité manifestées dans l’interprétation. Déconcertant ! Il remet le couvert lors du séduisant "Mean ole rootin' ground sloth". Un fragment bouleversant d'authenticité et de sincérité! John cumule guitare, harmonica et percussions sur le boogie instrumental "Johnnie's jump". Secondé par une guitare aux accords jazzyfiants, Long chante d’un timbre intimiste et chaleureux "Healin' touch". On ressent très fort sa présence. A un tel point que parfois, on a l’impression qu’il est assis près de vous. Impressionnant! Lost & found" s’achève par deux versions différentes de "Leavin' St Louis". Tout d’abord en solo : John, son chant volontaire, ses cordes, l'harmonica fragile et acéré comme un Jimmy Reed au sommet de son art. Assurément, Jon vit son blues. A un tel point que son inspiration, sa créativité, se fondent dans son art. Trop peu d’artistes contemporains manifestent une telle passion. Ce n’est donc pas une surprise lorsqu’il adapte ce thème, flanqué de Fred Kaplan aux ivoires. Difficile alors de ne pas penser au grand Otis Spann et aux belles années qu’il nous a gratifiées. On comprend mieux pourquoi, Jon impressionna en son temps une légende comme Muddy Waters! Cet homme attachant vient de commettre un album tout bonnement remarquable.

 

 

Informations supplémentaires

  • Band Name: John Long
  • Genre: Blues/Roots
  • Label Prod: Delta Groove
  • Date: 2006-09-12
  • Rating: 0
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