Kaki King est talentueuse, certes. Mais également frustrante. La jolie demoiselle excelle au maniement de la guitare, qu’elle gratte aussi bien avec délicatesse (« Open Mouth ») que guidée par un soupçon de détermination (« Bone Chaos In The Castle »). « Dreaming Of Revenge », son quatrième essai, est un exemple de sophistication. Parfois bouleversant, souvent fascinant, ce nouveau recueil souffre pourtant d’une faiblesse. Et pas des moindres. Excellente musicienne, Kaki King veut nous faire croire qu’elle sait également pousser la chansonnette. Elle s’égosille alors sur quatre morceaux, dont le single « Pull Me Out Alive » ; mais le résultat est des moins probants et ses interventions vocales détériorent légèrement l’ambiance instaurée par les superbes compositions instrumentales.
A condition d’ignorer les quatre erreurs de parcours, « Dreaming Of Revenge » fait la part belle aux fantasmes et autres rêves éveillés par son exquise fusion de pop éthérée (« Montreal », « Air And Kilometers »), de prog folk (« Zeitgeist ») et de post-rock galvanisant (l’excellent et très judicieusement intitulé « Can Anyone Who Has Heard This Music Really Be A Bad Person ? »). Plus mature que « …Until We Felt Red » (2006), « Dreaming Of Revenge » pourrait établir Kaki King comme l’une des figures de proue du Progressive Folk. Il faudrait néanmoins pour y parvenir qu’elle cesse de chanter...