Le Phantom Blues Band est surtout connu comme backing band de Taj Mahal depuis 1993 ; c’est à dire depuis la sortie de l'album "Dancin' the blues". Leur premier elpee, "Limited edition", était paru en 2003. Les musiciens sont tous des vétérans du blues. Pour la plupart issus de la scène texane. Deux figures de proue : Johnny Lee Schell et Mike Finnigan. Ils se partagent le chant. Le premier est guitariste. Le second claviériste. Figurez-vous qu’ils avaient participé à l’enregistrement du célèbre album "Electric Ladyland" de Jimi Hendrix, mais aussi apporté leur collaboration à Crosby, Stills and Nash, Dr John et Carlos Santana. Le lin up du groupe implique Denny Freeman, un guitariste d’origine texane (NDR : il a sévi chez les Cobras en compagnie de Stevie Ray Vaughan), Larry Fulcher à la basse et Tony Braunagel aux drums (NDR : une assise rythmique particulièrement soudée), ainsi que d’une section de cuivres (NDR : plusieurs WC Handy Awards leur ont été décernés !) au sein de laquelle figurent le saxophoniste Joe Sublett et le trompettiste Darrell Leonard. Leur musique gravite autour du blues, du R&B, du jazz, du funk et de la soul, un melting-pot qui emprunte autant à New-Orléans, Memphis qu’à la West Coast.
"Do the dirt" ouvre les hostilités sur un mode funky. La section rythmique y démontre toute sa solidité. Soutenu par les chœurs de Mike et Larry Johnny, Lee chante de sa voix puissante. L’orgue hammond se fond parfaitement dans l’ensemble. Le "My aching back" de Lowell Fulsom est un blues saignant proche de BB King. Piano et orgue se superposent. Les cuivres entrent dans la danse. Les vocalistes semblent s'amuser! Marqué par la voix surpuissante de Finnigan, le tempo s'élève. Les deux cuivres ont le champ libre et participent aux échanges jazzyfiants entretenus par le piano, la section rythmique et les percussions de Lenny Castro. Taj Mahal (NDR : c’est le boss !) ne résiste pas à l’aubaine et vient souffler dans son harmo sur "I only have love", une plage très Memphis R&B. La production de John Porter est excellente. Les vocaux sont souvent mis en exergue. Et en particulier sur les magnifiques ballades "Rain down tears" et surtout "Let them talk", proche d’un Ray Charles. Ou encore de "I'm looking for a miracle", souligné d’arrangements gospel. Les rythmes spécifiques de la Nouvelle Orléans envahissent "Big boy Pete". L’exotisme jamaïcain parfume "Book of rules". Un traitement très latin a été administré au "Havana Moon" de Chuck Berry. Le "Think" de Jimmy McCracklin brille par sa simplicité et son instantanéité. Le "Mary Ann" de Ray Charles a subi un traitement dansant. Slow blues brûlant, "Part time love" est un plaisir pour les oreilles. D’autant plus que le gratteur Johnny Lee sort de sa réserve avec beaucoup de tact et de feeling. Il remet le couvert lors du bonus track. Un blues lancinant intitulé "Baby doll". Album captivant et varié, "Out of the shadows" mérite vraiment une écoute attentive. Une condition indispensable pour apprécier cet opus à sa juste valeur.