Prenons quatre jeunes garçons. Invitons-les à écouter les classiques de la scène pop-rock anglo-saxonne des dix dernières années. Attendons qu’ils digèrent et demandons-leur de faire un album. Ca, c’était il y a quelques années. Depuis, le groupe a connu des changements personnels (le départ du guitariste Pascal Van der Wielen et l’arrivée du multi-instrumentiste Watch de Schutter) et aujourd’hui, Yel sort son troisième opus. ‘Electrophone’, c’est avant tout le disque d’un groupe qui s’interroge sur la vie, sur l’individu et sa place dans la société. Un groupe sincère qui croit encore aux idéaux.
« Est-ce que tu l’entends » ouvre le bal et confirme que Yel est bien un groupe qui réussit le difficile alliage du rock et du français. L’intro du morceau rappelle « Smell like teen spirit ». Joli clin d’œil. Toutes guitares dehors, le groupe prouve qu’il connaît bien ses classiques : on retrouve les envolées chères à Muse (« De l’autre côté ») et les riffs entêtants de Placebo (« Sans idéaux », « Nos raisons de passage »). Mais Yel, c’est aussi la recherche de l’instant d’émotion comme dans « Faut-il » ou « Au prix de contre-jours », une jolie ballade qui semble tout droit sortie d’un album de Jean-Louis Aubert. Quant aux morceaux « Mon âme » et « Rien d’autres que toi », ils sonnent plus FM (on n’est pas loin de Kyo). Dommage ! Mais arrêtons les comparaisons car, s’il est facile de rapprocher Yel à certains groupes français (Noir Désir, Pleymo, …) ou anglais (Placebo, Muse), à qui peut-on les comparer en Belgique ? C’est peut-être là leur originalité et leur force…