Autant l’avouer de suite, cet elpee figurera parmi mes coups de cœur de l’année 2008. Il s’agit déjà du cinquième d’Amadou et Mariam, si on ne tient pas compte du coffret compilatif « 1990-1995: L'Intégrale des Années Maliennes ». Il fait suite à « Un dimanche à Bamako », paru en 2004 ; une œuvre qui avait bénéficié de la collaboration de Manu Chao. Responsable de la production, il s’était également impliqué dans le futur hit « Sénégal fast food ». C’est à partir de ce moment que l’histoire d’Amadou et Mariam va démarrer et nous en mettre plein la vue (NDR : sans faire de mauvais jeu de mots).
Après avoir commis un album aussi populaire, on craignait que le duo ne bascule dans la world radiophonique. Ou si vous préférez qu’il ne se soucie plus que du grand public. Heureusement, « Welcome to Mali » remet les pendules à l’heure. Et n’hésite pas à brouiller les pistes. « Sabali » ouvre le disque. Damon Albarn, le leader de Blur, y apporte son concours. Une compo surprenante par sa légèreté. A cause de son mélange entre chant traditionnel et électro minimaliste. Les puristes risquent cependant de crier au scandale ; et n’hésiteront probablement pas à clamer haut et fort que ce titre ne ressemble à rien. Pourtant, en manifestant un peu d’ouverture d’esprit, cette prise de risque est tout à fait louable. En fait, l’échange vocal opéré habituellement au sein du duo a été ici purement et simplement remplacé par un couplage entre la voix de Mariam, enrichie de chœurs, et une boîte à rythme prête à imploser. « Ce n’est pas bon » se révèle beaucoup plus engagé. Côté textes, bien sûr. Il est plus proche de racines maliennes. En outre, le mélange world/funky est parfaitement soutenu par la guitare bluesy d’Amadou. L’œuvre recèle bien sût des morceaux plus classiques. Et je pense tout particulièrement à « Magossa » puis « Djama ». De quoi remettre l’église au milieu du village ; car ces deux plages renouent avec le style Amadou et Mariam pur et dur.
A l’écoute de cette œuvre, on comprend mieux pourquoi les auteurs qualifient leur musique de ‘Pour tout le monde’ plutôt que de ‘Musique du monde’. Outre Damon Albarn, les invités sont légion. Mathieu Chedid prête ses backing vocals à « Masiteladi ». Et inocule quelques riffs de guitare très caractéristiques. Keziah Jones, K’naan et même Tiken Jah Fakoly sont également de la partie. Laurent Jaïs, aussi. Mais à la console de mixage. Il faut cependant avouer que la présence d’une telle brochette de collaborateurs comportait un risque : s’égarer des pistes maliennes pour emprunter des chemins un peu trop exotiques. Mais les craintes ont été rapidement balayées. Cet album respire l’amour et la joie de vivre. Enfin, pas nécessairement sur les morceaux les plus mélancoliques. Une chose est sûre, Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia conduisent ici parfaitement leur barque. Et nous invitent à voyager dans leur univers multiculturel éclectique, mais tellement savoureux. Je vous suggère même de placer ce compact disc sous le sapin de Noël, ce 24 décembre. Et pourquoi ne pas y joindre des places pour le set qu’ils accorderont le 18 février 2009, à l’AB de Bruxelles ? De beaux cadeaux en perspective !