Méconnue du grand public, Ruth Brown est pourtant considérée comme la première chanteuse de R&B de l’histoire. Signée par Atlantic Records dès 1948, elle contribua largement, dans les années 50, à faire la renommée du label qui devait plus tard porter un certain Ray Charles jusqu’aux sommets des charts… Des charts que cette fille du sud des Etats-Unis trusta elle aussi de 1949 à 1960, par la grâce de tubes comme « Teardrop from my eyes » (1950), « Mama, he treats your daughter mean » (1953) ou encore « Don’t deceive me » (1960), son dernier succès en date. Les sixties virent malheureusement le succès de Ruth Brown s’étioler progressivement et celle qui était alors une star dut se résoudre à travailler comme conductrice de bus scolaire ou aide-ménagère afin de nourrir ses enfants… Grandeur et décadence. Nonobstant ces épreuves, Ruth Brown n’abandonna pas la musique. Elle continua, sous le label Capitol Jazz, à produire régulièrement des disques de qualité inégale passant, pour la plupart, inaperçus… C’est de cette époque de vaches maigres (1969) que date « Black is brown and brown is beautiful », un disque qui vient d’être réédité sur le label Vampisoul. Et, à l’écoute de cette plaque, on ne peut regretter que la belle Ruth n’ait pas rencontré plus de succès… Parce qu’elle l’aurait mérité… Débutant par une reprise gospel culottée (et franchement belle) du « Yesterday » des Beatles, « Black is brown and brown is beautiful » recèle en effet son lot de morceaux vraiment réussis. Evoluant dans une veine Soul/R&B 60’s relativement ‘Down Tempo’, Brown parcourt de sa voix rauque les très sentis « Since I fell for you », « Looking back » ou « Please send me someone to love ». Bien sûr, il ne s’agit pas ici d’un chef d’œuvre historique mais cet album confirme une fois de plus que les patrons de Vampisoul ont du goût et le chic pour mettre la main sur des perles cachées. S’achevant par un « This bitter earth » désabusé et bien de circonstance pour la Ruth Brown de l’époque (NDR : ne vous inquiétez pas pour autant pour elle, car à près de 77 ans, elle paraît aujourd’hui connaître une deuxième jeunesse), « Black is brown and brown is beautiful » mérite vraiment que vous lui prêtiez une oreille plus qu’attentive.