Se faire remixer leur album entier par des musiciens de tous bords, voilà l’étrange idée qui a germé dans l’esprit des Anglais hype de Bloc Party. En général, les albums de remixes puent le coup marketing : si succès il y a, mieux vaut tirer bien fort sur la corde. Quelques mois seulement après le disque de la gloriole, Bloc Party se fend donc d’une autocélébration, et démontre par A+B que leur marque de fabrique équivaut bien au mix du rock et de l’électro, de la scène et du dancefloor. Pourquoi choisir alors de séparer ces deux faux frères, qui s’entendaient comme cul et chemise ? Une tentative vaine, parce que niant les composantes globales qui rendent le son de Bloc Party à la fois si groovy et abrasif, tendu et élastique. L’un pour l’autre au lieu de l’un dans l’autre. Certains invités parviennent toutefois à se distinguer, en s’éloignant bravement du squelette mélodique et rythmique d’origine. C’est le cas de M83, qui transforme « The Pioneers » en complainte synthétique, ambiance Badalamenti… Ou du remix de « Gasoline » par les rappeurs d’Automato, qui sonne quasi comme du Tiefschwarz. Mention plus que spéciale à Four Tet pour sa reprise krautrock du bouleversant « So Here We Are », et aux furieux Death From Above 1979, qui maltraitent le beau « Luno » de leurs riffs crasseux. N’empêche qu’il s’agit juste d’un exercice de style : amusant (parfois), mais loin d’être essentiel.