Il y a dix ans, les Cranes publiaient « Forever » et « Loved ». Deux albums de pop cauchemardesque qui leur valurent un gros succès populaire et des critiques injustifiées qui les voyaient comme des pâles copies de Cure. Il faut bien dire que depuis on les avait un peu perdus de vue. Ils ont pourtant continué à tourner et à sortir des disques, restant fidèles à une ligne artistique qui les confine à ne toucher qu’un public aux goûts pointus. Ce septième album baigne au sein d’une atmosphère qui oscille entre le calme et la tempête, les morceaux les plus calmes se disloquant souvent sous les assauts de synthés inquiétants et dissonants (le désespéré « Here comes the snow », « Astronauts »). L’étrange voix d’Alison Shaw évoque toujours celles d’une petite fille, les programmations atmosphériques rappellent les ‘soundscapes’ chers à l’electronica et le frangin Jim Shaw fournit des parties guitares minimales mais bien senties. En outre, il chante sur le sympathique « Every Town ». Bref, rien n’a vraiment changé dans le monde des Cranes, qui ont gardé un talent certain pour les mélodies (les très beaux « Vanishing Point », « K56 », « Avenue A », « Light Song ») et un amour non calculé pour la new wave (la plage titre ‘curesque’). Une belle œuvre qui ne cède pas à la facilité, une qualité qui les empêchera malheureusement de toucher autre chose que leur solide base de fans.