Bonne nouvelle : le premier disque d’Electrelane, « Rock It To The Moon » (2002), ressort ce mois-ci alors qu’on le cherchait en vain depuis déjà trois ans. Autre bonne nouvelle : « Axes », le troisième album de ces quatre filles de Brighton, est encore meilleur que son prédécesseur, « The Power Out ». Une trilogie aux couleurs plutôt sombres, tirant sa sève rythmique du krautrock des années 70 (voire du jazz genre ESP), tout en lorgnant parfois du côté obscur du mathcore et de la musique klezmer (l’étonnant « Eight Steps »). En treize titres dont dix instrumentaux, Electrelane invoque les fantômes de Can, de Blurt et de The Ex… Sans oublier parfois d’y coller une jolie mélodie ou des chœurs rageurs – mais sans cesse à contre emploi. C’est que rien n’est facile chez ces filles à la dextérité maligne : même les titres ne sont pas séparés, d’un blanc dans lequel trop souvent s’engouffre le vide, et l’auditeur avec… Non : il s’agit d’un voyage sans escales, plein de virages et de ruptures de rythmes, d’ornières menaçantes et de montées/descentes imprévisibles. Enregistré live aux studios d’Albini, « Axes » chevauche ainsi la pop music et l’avant-garde sans choisir son camp : dans cette avalanche de notes qui se heurtent et se marient en noir, l’oreille reste sur ses gardes, timide. A confesse, elle avoue ses péchés : ‘Electrelane mon père, chaque soir si je le veux’.