Ce trio de Portland avait déjà fait parler de lui en 2003 lors de la sortie de « Pure Thoughts », son premier album. Du rap à l’ancienne qui rappelle le collectif Native Tongues (De La Soul, A Tribe Called Quest, etc.) ou encore Leaders of The New School. Pour établir une comparaison avec leurs contemporains, on pourra dire que Lighheaded évolue dan un registre proche de Jurrassic 5, Lifesavas ou encore Mos Def. C’est à dire du rap ‘conscient’ qui essaye d’instiller des valeurs un peu plus positives que le gangstérisme en vigueur dans le hip hop contemporain. Côté musique, les beats d’Ohmega Watts puisent dans les sons chauds de la soul, du funk, du jazz et de la salsa. Ce « Wrong Way » est largement destiné aux dance floors et recèle beaucoup de titres up-tempo. Profilé sur une boucle soul, l’excellent single « Timeless » est une petite merveille qui donne envie d’aller s’agiter sur le dance floor. Même chose pour le funk latino de « In The building », le sonique « UHH ! » et l’énorme « Soul Power », échafaudé sur un break de batterie contagieux et les cuts d’une section cuivres. « Individually Wrapped » réveille le fantôme de Tribe Called Quest ; mais les imparables refrains en scratch rappellent les travaux de DJ Premier. Les flows de Braille, Othello et Ohmega sont autant à l’aise sur les beats rapides que lents ; et même s’ils ne sont pas les Mc les plus originaux du monde, le moins qu’on puisse dire est qu’ils maîtrisent leur art. « Afraid of The Dark » est le moment le plus sombre de l’album, un titre tendu qui évoque la paranoïa du hip hop new-yorkais tel qu’il a été popularisé par le Wu-Tang ou encore Mos Def dans ses moments les plus pessimistes. Que du bon et du très bon donc sur cette plaque paradoxalement discrète, mais épinglant quelques pures tueries qui méritent franchement d’être découvertes.