Le rock'n'roll est mort ? Vive le rock'n'roll ! La musique de Modey Lemon suit noblement cette funeste sentence. Projet initial de Phil Boyd (chanteur et guitariste) et de Paul Quattrone (batteur), Modey Lemon balance ses premières déflagrations sonores aux oreilles de Pittsburgh dès 2001. Heureux du travail accompli en studio par Jason Kirker, leur ingénieur du son, le duo décide alors de lui demander une faveur : participer à l'aventure Modey Lemon. La décision de Kirker ne se fait pas attendre. Et en trio, la formation livre "Thunder & Lightning", premier opus salutaire, tristement sacrifié sur l'autel d'un retour du rock en pâmoison devant les performances de ses grands protagonistes, The Strokes et The White Stripes en tête. L'histoire de Modey Lemon aurait pu s'arrêter là. Mais a-t-on déjà rencontré fans des Stooges sous calmants ? A-t-on déjà côtoyé connaisseurs des récréations bluesy du label Fat Possum en panne d'inspiration? Non et non. Sur ces bases négatives, Modey Lemon ne pouvait en rester à ce stade. Aussi, "The Curious City" (the curiosity ?) s'impose d'emblée comme la suite de leur périple discographique. Dix brûlots expédiés dans l'urgence et la distorsion, la rage et l'émotion. Modey Lemon s'applique à récapituler les grandes lignes de son histoire préférée : celle du rock. L'approximation attachante d'un garage rock ancré dans la moelle des sixties ("In the cemetery"), l'arrogance révoltée du grunge ("Fingers drains"), l'apocalypse tribale d'un Ozzy décapitant le 13th Floor Elevators telle une malheureuse chauve-souris ("Trapped rabbits"). A ce jour, la personnalité de Modey Lemon demeure ambiguë. A l'évidence, le trio se cherche encore. Mais à force de concerts survoltés et de disques râblés, Modey Lemon devrait rapidement trouver sa destinée.