Les numéros magiques portent décidemment bien leur patronyme. Dès le « Mornings Eleven » inaugural, la magie opère. Laissant loin derrière eux les moustachus maigrichons des Kings Of Leon, les Magic Numbers égrènent un country rock hyper léché, traversé d’un riff de guitare éblouissant, à n’en plus dormir. D’entrée de jeu, on commence à saisir les contours du buzz anglo-saxon qui enrobent ce fameux quatuor. Car de l’autre côté de la Manche, ces quatre chevelus sont officiellement montés sur le trône hautement convoité du ‘prochain gros truc’. Et ne voyez pas dans cette phrase une fâcheuse allusion aux légères surcharges pondérales qui chatouillent le gras du bide de nos jeunes amis. D’un côté, la voix mystérieuse de Roméo Stodart et les impeccables lignes de basse de Michele, sa frangine. De l’autre, la voix cristalline d’Angela Ganon nous transporte vers d’autres horizons, loin de la grisaille et des tracas quotidiens. Son frère à elle se prénomme Sean. Il joue de la batterie. Et pour peu, on croirait qu’il s’est échappé d’un casting pour une superproduction américaine dédiée au rock estampillé seventies. Deux familles unies autour d’un projet miraculeux, inespéré. Le single « Forever Lost » est une tuerie. Au cœur de la torpeur, les filles élèvent la voix et clament ‘looks like it all went gone’. C’est bouleversant à souhait, touchant. Personne ne peut résister au charme désuet de ces chansons intemporelles. Cette sentence est définitive et se confirme sur l’irrésistible « I See You, You See Me ». Une sensation romantique nous saisit les tripes. Qui n’a jamais ressenti cette profonde attraction pour l’être désiré ? Et c’est alors que résonne « Don’t Give Up The Fight » : un morceau d’anthologie, à faire frémir la dépouille de Curtis Mayfield. Romeo a la peau blanche mais son âme est noire et délicieusement dépressive. Plus loin, « Love’s A Game » relance la profondeur du propos, boute les feux de l’amour et de la convoitise. Le premier album des Magic Numbers s’éteint sur « Hymn For Her », une fin magique. Forcément…