Christopher John Spedding est né en 1944. A Sheffield, en Angleterre. Au cours de sa jeunesse, il joue du violon. Mais il tombe sous le charme du rock'n'roll et acquiert une guitare électrique. En 1959. L’année suivante, il émigre à Londres. Et fait en quelque sorte ses armes, en se produisant régulièrement, dans des groupes obscurs. En 68, il joue en compagnie du vibraphoniste Frank Ricotti avec lequel il enregistre un long playing. Il sévit également chez les Battered Ornaments du poète Pete Brown. Et participe à la confection de l’elpee "A meal you can shake hands with in the dark", en 69. La même année, il collabore à l’enregistrement de l'album de Jack Bruce, "Songs for a taylor". En 1970, il rejoint la formation de jazz rock, Nucleus. Puis commet enfin son premier album solo, "Backwood progression". En 71, Chris et Peter Green apportent leur contribution à la confection de l’elpee de Memphis Slim, "Blue Memphis Suite". En 72, il participe aux sessions d’enregistrement des opus de Chris Youlden (ex-chanteur de Savoy Brown) et de Dick Heckstall-Smith. Il milite ensuite chez les Sharks, combo monté par l'ancien bassiste de Free, Andy Fraser. Son premier single, "Motorbikin", paraît en juillet 75. Puis un album éponyme. En 1976. Une plaque dont sera tiré le hit single "Guitar Jamboree", un savant brassage de guitaristes qui portent pour noms Albert King, Chuck Berry, Hendrix, Clapton, Page et Beck. Chris tâte ensuite au mouvement punk. Il produit même les Sex Pistols, fin 76. Il enregistre "Pogo dancing" en compagnie des Vibrators ; un 45 tours qui récolte un certain succès. En mars 1979, la critique ne tarit pas d’éloges son album "Guitar Graffiti". Chris devient alors un musicien de session très sollicité : Robert Gordon, Dick Rivers, Nick Mason, Nina Hagen, John Cale, Roger Daltrey, Johnny Halliday, Elliott Murphy, Willy DeVille, Mylène Farmer et bien d’autres le réclament En 86, il enregistre "Enemy within", une plaque qui paraît chez New Rose. Et enfin, en 2002, pour la toute première fois de sa longue carrière, Spedding ose un opus aux accents très blues.
L'atmosphère baigne dans les swamps louisianais pour ouvrir le "Cajun moon" de JJ Cale. Même la guitare semble imprégnée de ce climat humide. Une compo qui évolue dans un registre très JJ. La voix également. Le ton nonchalant est naturellement laidback. La production de Philippe Rault lui rend justice. Chris double au clavier. Constituée de Reggie McBride à la basse et Tal Bergman aux drums, la section rythmique joue parfaitement son rôle. Nonobstant le solo découpé sur le fil du rasoir, la sonorité paresseuse envahit également "I wouldn't treat a dog" (NDR : une compo popularisée par Bobby Blue Bland). Le ton demeure laidback pour le "No expectations" des Stones (NDR : époque "Beggars Banquet" !) et le "Remember" de Jimi Hendrix. Chanté par Lee Dorsey, "Riverboat" a été composé par Allen Toussaint. La version de Spedding navigue dans le même climat voodoo qui parfume les bayous. De nombreux effets de reverb alimentent les cordes. Chris remet le cap sur la Nouvelle Orléans en abordant le "Go to the Mardi Gras" de Professor Longhair. Une version particulièrement réussie qu’impriment des instruments aux rythmes saccadés. Après avoir reproduit note pour note le célèbre "Albatross" de Peter Green, il attaque le titre maître. Un rock blues très mélodique, contagieux même, souligné par une ligne de guitare conquérante. Slow blues rock très ‘british’, "Mother Earth" est issu de la plume de Memphis Slim. Il est ici traité de manière très électrique par Mr Spedding. Blues rock doux et convivial, "Dollar on my pain" aurait pu être chanté par Tony Joe White. Faut dire que la sonorité de la guitare est tellement agréable à l’oreille. Une sensibilité bayou, lugubre hante le "Young man blues" de Mose Allison. A cause du toucher de slide à la fois sensuel et tourmenté. Enfin le "Lonely avenue" de Doc Pomus, (NDR : cette plage figurait au répertoire de Ray Charles) achève cet opus, ma foi, très agréable ; même si je viens de le découvrir trois années après sa sortie. Un nouvel elpee de Spedding est prévu pour ce mois de juillet. Baptisé "Click Clack", il devrait paraître sur le label allemand SPV. Cet été, il tournera en compagnie de Roxy Music ; et en septembre de Robert Gordon.