Il est toujours chouette de découvrir les noms de la scène belge de demain. Enfin, de découvrir la scène francophone belge de demain. Attention : nous n’avons jamais soutenu qu’il soit désagréable d’écouter les nouveaux talents de la partie néerlandophone du pays, bien au contraire. Mais aujourd’hui, nous sommes réunis pour évoquer cet échantillon de musiques ‘contemporaines’ en Communauté française. Bref, pas question de monter cette malheureuse chronique en conflit communautaire. Ici, L’ASBL Court Circuit nous propose un tour de piste en compagnie des participants de l’édition 2004 de leur célèbre ‘Concours Circuit’ et ce, par l’entremise de cette double compilation. Au sommaire, deux disques inégaux où les genres se serrent poliment la poigne sans jamais se mélanger. Ainsi, le premier disque est dédié aux ‘vilains métalleux diaboliques’. Les méchants sauvageons vivent en autarcie sur un seul disque et semblent se suffire à eux-mêmes en se spécialisant dans d’honteuses contrefaçons. Depuis longtemps, la Belgique demeure une terre d’accueil fertile pour le métal et ses fans transis. Par contre, pour ce qui est de la production nationale, ce n’est franchement pas folichon ! Trop souvent, nos compatriotes ont les dictaphones braqués sur les réalisations des copains ricains. Du coup, mademoiselle ‘Originalité’ n’est pas conviée à ce rendez-vous guttural où F.A.K.E, Dollsex, Catarrhal et Bombshell Crew s’acharnent à rendre un hommage communautaire aux exploits de Sepultura, de Korn, de Biohazard, de Dimmu Borgir et autres Morbid Angel. Néanmoins, au cœur de cette grande messe, les Liégeois de Seasick tentent de sauver leur peau en invitant les guitares à découvrir l’héritage décharné de Jesus Lizard. Pourquoi pas ? Ceux-là ne lâcheront pas facilement le morceau… De leur côté, pop, rock, rap et électro se partagent la maigre place qui leur est impartie sur le deuxième disque. La compilation légitime ici son intérêt. En guise d’entrée en matière, le collectif Jaune-Orange nous balance ses nouveaux protégés : Malibu Stacy. Rock’n’roll attitude, vitalité et nervosité. La tension est palpable, les riffs sont percutants, les refrains tranchants, Malibu Stacy débarque. La formation nous invite à taper du pied sur ces deux titres coincés entre power-pop et électro-pop. C’est cool ! Vient ensuite le tour de Minérale. Et glou et glou et glou, on se ressert un verre de pop belge polie et bien sentie qui devrait une fois de plus convaincre les aficionados de Girls in Hawaïï et séduire nos voisins Français. Le rap est laissé à la charge de Bienvenu-N-Sonar. Le duo se surpasse et paraphrase ses idées noires, ses peurs et ses contradictions. Un vent d’air frais souffle sur l’herbe verte de nos rappeurs. Nul doute que Bienvenu-N-Sonar profitera de cette pression atmosphérique favorable… Et puis, sonne l’heure de Carton et de son bricolage électro en papier mâché. A l’écoute, un chouia d’exotisme transpire de ce bidouillage un rien convenu. Animo soustrait son post-rock aux règles de base de la pop mais peine néanmoins à imposer ses vues. L’aventure se termine sur les deux morceaux pop-rock ‘FMisé’ de Championship Manager. Chansons formatées, scrutant vers les ondes radios US. Une fin de Circuit en roue libre mais qui sur la traversée de cette compilation aura encore prouvé que nos artistes connaissent parfaitement l’itinéraire à suivre.