Feu Arthur Russell a forgé sa notoriété au sein de différents projets dans le monde de la musique ; mais jusqu’à présent, on ne lui connaissait guère d’aptitudes dans le domaine du songwriting pop-folk. A contrario, il jouissait même d’une grosse réputation dans l’univers de la house, un style marqué par son célèbre violoncelle. Sorte de figure tutélaire de la scène électro new-yorkaise, il constitue également une influence majeure pour de nombreux artistes contemporains. Afin de permettre la découverte de la face cachée de cet artiste, Audika (et Rough Trade en Europe) a (ont) décidé de dépoussiérer la compilation « Love is Overtaking Me ». Arthur Russel fait l’objet, il est vrai, depuis quelques temps, de nombreuses rééditions de son catalogue.
« Love is Overtaking Me » constitue donc une collection de 21 démos jamais publiées par le compositeur durant sa carrière. Elle réunit des collaborations opérées en compagnie des producteurs John Hammond (Billie Holiday, Bob Dylan), Jerry Harrison (Talking Heads, The Modern Lovers) ou Rhys Chatham. Ces chansons ont été enregistrées entre 1970 et 1991 et sont l’œuvre des divers projets au sein desquels Arthur Russell a milité ; et en particulier The Flying Hearts, The Sailboats, Turbo Sporty ou Bright & Early. C’est Chris Taylor des Grizzly Bear qui s’est chargé du mix et de la remasterisation, alors que la sélection des morceaux a été confiée à Tom Lee, le partenaire musical de Russell, Steven Knutson (du Label Audika à l’origine du projet) et par Ernie Brooks des Modern Lovers.
Cet elpee rassemble des chansons pop-rock fragiles, souvent peu mises en forme (NDR : paradoxal pour un si bon producteur…) et qui n’évoluent jamais très loin de l’univers de Nick Drake voire d’Elliott Smith. Mais par contre, à une distance respectable de son habituel univers avant-gardiste. L’ensemble est certes un peu lourd et touffu (pas moins de 21 chansons) mais recèle de véritables moments de grâce tels « Maybe She » ou « Your Motion Says ». Il s’agit donc d’une nouvelle preuve de la courte (il est mort du Sida en 1992, à 40 ans) mais au combien riche carrière du génie new-yorkais ! Une très belle porte d’entrée pour pénétrer dans son autre monde sonore…

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