A l’autre bout de la Manche, le rock semble plus brut. Ceux qui ne s’en lasseront pas, s’en délecteront. Surtout quand le reste de la scène britannique s’égosille dans l’électrique ou ne s’effiloche pas dans l’émo-complainte. Ralfe Band dénote agréablement par son blues-folk imparfait. Le précédent « Swords » (2007) avait déjà fait une entrée discrète mais classieuse, rappelant les libertés prises par la country bohême des Decemberists. Cette fois, l’exploration est plus acoustique qu’à l’accoutumée. On se laisse aisément porter par ses mélodies scandées dans la chaleur de l’évidence (« Platform boy »), ses périples instrumentaux assumés dans la longueur (« Big head » et « Attics »), ses petites merveilles dans la droite lignée des Calexico (« Mirror face ») et ses formes lascives en piano-cabaret (« Queen of Romania »).
« Attic Thieves » constitue un album éclectique à l’image de la polyvalence de ses têtes pensantes. Et pour cause, Oly Ralfe s’investit avec autant d’aisance dans le monde du documentaire et de la vidéo, tandis que son partenaire Andrew Mitchell enchaîne délicatement cordes et percussions. Ajoutez que « Attic Thieves » a été enregistré au fur et à mesure de contributions apportées par des invités… surgis de nulle part (contrebasse, trombone, mandoline, violon, trompette). Bref, de ce fourre-tout, on est séduit par son résultat délicieusement bancal. Sauf lors de la deuxième partie de l’album, qui s’essouffle dans une errance sans point final. Des faiblesses récupérées par la douceur bienveillante de « Lost like gods » où accordéon et piano se donnent la réplique en sous-vêtements de soie. Assez pour tendre l’oreille vers cette boîte de Pandore et lui soutirer des promesses pour le futur.