Billy Boy Arnold William est loin d’être un inconnu. Ce chanteur/harmoniciste de couleur noire est né à Chicago. Ce qui n'est certainement pas un handicap pour un bluesman ! Il est aujourd’hui âgé de 73 balais. Ses premières leçons de musique à bouche, il les a reçues vers 12-13 ans. Son professeur ? John Lee ‘Sonny Boy’ Williamson. Excusez du peu ! En concoctant cet opus, il a voulu rendre hommage au mythique maître, disparu tragiquement en 1948. Ce témoignage paraît donc, lors du soixantième anniversaire de ce douloureux événement.
En 51, Mr Arnold entamait sa carrière aux côtés d'un jeune bluesman qui allait devenir célèbre sous le nom de Bo Diddley! C'est sur le label Vee-Jay que Billy Boy devait, au cœur des années 50, sortir ses plus grands succès ; c’est-à-dire "I wish you would" et "I ain't got you", deux fragments imprimés sur le fameux Bo Diddley beat, soutenu par Jody Williams à la guitare. Après être resté longtemps dans l'ombre, il devait célébrer son retour en signant pour le label Alligator, alignant "Back where I belong" en 1993, "Eldorado Cadillac" en 95 et "Boogie 'n' shuffle" en 2001.
Pour enregistrer “Sings Sonny Boy 'John Lee' Williamson”, BB Arnold a reçu le concours de collaborateurs particulièrement affûtés. Pour la plupart des vétérans. En l’occurrence le bassiste Bob Stroger, le drummer Willie ‘Big Eyes’ Smith, le pianiste/guitariste Mel Brown et le notoire guitariste/mandoliniste de couleur blanche Billy Flynn. L’elpee réunit quinze compositions de Williamson et deux plages écrites par Arnold.
"New jail house blues" est imprimé sur un tempo nonchalant. Flynn accomplit un superbe solo sur la mandoline. Entraînant et dynamique, "Around this old juke tonight" est issu de la plume de Billy Boy. Le piano de Mel Brown participe activement au tempo boogie woogie. Tout au long de son "Squeeze me tight", il emprunte le célèbre riff bien connu de "Help me", Flynn est à nouveau très en verve sur les cordes. "Half a pint" est une plage percutante. Très tonique et suivi de près par les cordes de Flynn, l’harmonica d’Arnold y explose littéralement. Cet album ‘tribute’ est très conventionnel. BB joue dans le style de son mentor. Il est particulièrement émouvant lorsqu’il aborde le blues lent. A l’instar des excellents "Decoration day", "Black gal blues" ou encore "Collector man blues". Sur les morceaux plus rythmés, Billy Boy se révèle un digne héritier du style Sonny Boy. Et il le démontre tout au long de "Rub-a-dub". Arnold n'a pas pour autant boudé les compositions les plus notoires de Williamson. Elles sont cependant concentrées en fin de parcours. Et notamment le standard "Good morning little schoolgirl", "Sugar Mama", "Tell me baby" et le fragile et si beau "Springtime blues".
Cet elpee rend un vibrant hommage à l'un des plus grands stylistes de l'harmonica dans le monde du blues. Disparu alors qu’il avait à peine 34 ans, John Lee Williamson avait enregistré plus de 120 chansons dans les années 30 et 40. Il avait joué aux côtés de Big Bill Broonzy, Big Joe Williams, Yank Rachell, Sunnyland Slim, Big Maceo, Eddie Boyd, Willie Dixon, et bien d’autres…