Neil Young a beau être une légende vivante, il faut reconnaître que depuis une bonne décennie (« Mirror ball », commis en compagnie de Pearl Jam), ses albums ne soulèvent plus guère d’enthousiasme. S’il n’y avait ses prestations scéniques - toujours aussi exceptionnelles - il ne susciterait plus que le respect. Ce qui n’est déjà pas si mal. Mais insuffisant pour un artiste d’un tel calibre. Et le nouvel opus de Neil Young ne déroge pas à la mauvaise règle. Bien sûr, le loner a vécu des moments difficiles. Il a tout d’abord été victime d’une rupture d’anévrisme, à laquelle il a miraculeusement échappé. Puis, tout récemment, a perdu son père (NDR : le journaliste Scott Young). Et ce « Prairie wind » rend résolument un hommage à son paternel. Dix chansons qui parlent de souvenirs et de rêves d’enfance, de la famille, du temps qui passe, mais aussi de la mort et de la spiritualité. Des chansons qu’il interprète toujours de son timbre fragile, haut perché. Pour enregistrer cet elpee, il a reçu le concours de Ben Keith ainsi que de Spooner Oldham, musiciens qui avaient déjà participé à la confection de « Harvest » et de « Harvest moon » ; et puis d’Emmylou Harris, aux chœurs. Concocté à Nashville, le 38ème album du Canadien prétend clore la trilogie de cette moisson semi-acoustique. Elle privilégie d’ailleurs la guitare sèche, la pedal steel, la slide, le piano et l’harmonica. Mais alors, qu’est ce qui cloche sur ce disque ? Les cuivres r&b, l’imposante section de cordes et parfois même les chœurs gospel. Toute une texture sonore qui envahit voire surcharge des compos qui auraient gagné à conserver toute leur simplicité. Ce sont d’ailleurs les morceaux les plus dépouillés qui passent d’ailleurs le mieux la rampe (NDR : il y en a, heureusement !). Et la présence épisodique d’un clavier, de drums, d’une basse ou même d’une six cordes électrique suffisent amplement à notre bonheur. Dommage, car Neil n’a rien perdu de son art à ficeler des mélodies accrocheuses, irrésistibles ; mais lorsqu’il en rajoute une couche, il se trompe d’histoire d’amour. Le disque est accompagné d’un DVD consacré aux sessions d’enregistrement de cet album. Et encore une fois, que ce soit en ‘live’ ou accompagné d’un support visuel, Neil prend alors une toute autre dimension…