L’an dernier cette formation gantoise avait commis un Ep fort prometteur. Intitulé « History make science fiction », les six titres de ce morceau de plastique oscillaient du jazz au folk en passant par le blues et la pop. Si la trame de base est demeurée identique, la solution sonore du premier opus a pris de l’amplitude. Et puis un petit côté rétro, désuet, cabaret, qui le rend fort attachant. Et en particulier sur « Conversation strike error », un fragment imprimé sur un tempo charleston et balayé par un accordéon et un clavier musettes. « (That’s a) long story », également. Un morceau qui flirte tour à tour avec le ragtime, le rock n’ roll, et le charleston. Et puis le minimaliste « Walk with me ». Limité à la guitare sèche, au banjo et à la voix, il aurait pu carrément être gravé sur un 78 tours. La voix de Bert Ostyn évoque de plus en plus un hybride entre celle de John Wetton et Mark Olivier Everett (Eels). Titre le plus pop, « Acquired taste » épouse la sensibilité mélodique contagieuse du trio californien. En plus allègre ! Lorsqu’on parle de John Wetton, on ne peut s’empêcher de penser à King Crimson. Celui de « Lark’s tongue in aspic ». Qui manifeste une flambée d’adrénaline sur le surprenant « Copy in black and white », nonobstant ses accès de guitare syncopés, funkysants. Et lorsqu’on évoque le Roi Cramoisi, on ne peut s’empêcher de penser à la prog. Qu’embrasse l’échevelé, swinguant « People of the pavement », dans l’esprit de Nice, « I’ve been there (old love never dies ») » dans celui de Curved Air (NDR: sans Sonja Kristina), tout en conjuguant envolées de claviers et de violon. Un violon que Renaud Ghilbert peut mettre à la sauce « Django Reinhart » ou tout simplement lui donner des accents tsiganes. A l’instar d’I am fan », ou de la ritournelle « Let’s go », imprimée par le rythme du piano. Celtiques aussi. Sur le beatlenesque « In her head » (Perry Rose ?). L’elpee ose même un titre expérimental. En l’occurrence, le boogie insolite « Twisted ». Et on n’et pas encore au bout de nos surprises, puisque « It could be » réalise la fusion entre le flamenco et le funk. Toutes des caractéristiques susceptibles, à tout instant, de déraper dans le jazz acoustique. C’est ce qui fait le charme de cet elpee.