Le deuxième album d’Austin Lace n’est pas aussi facile à cuire qu’il n’y paraît. Et pour cause, ses influences sont tellement bien cachées qu’il est indispensable de gratter leur musique jusqu’à la moelle pour les déceler. Vous avez certainement déjà pu lire l’une ou l’autre critique émise à leur égard, du style ‘leur pop naïve, insouciante, sensuelle et charmante alimente des chansons allègres ou mélancoliques, rapides ou lentes, électro ou plutôt teintées de guitare’. Sympa, mais franchement, après avoir lu de telles banalités, bonjour la prise de tête pour déceler ce que contient réellement ce disque. D’autant que certains médias les ont comparés à Girls In Hawaii. N’importe quoi. Même si les deux formations accordent un soin tout particulier aux harmonies vocales et possèdent un sens inné de la mélodie contagieuse. Un art qu’ils doivent avoir assimilé en écoutant les Papas Fritas. Ce sont, d’ailleurs là leurs seuls points communs. Car la formation nivelloise évolue la plupart du temps sur un ton swing/jazz/cool. Parfois même bossa-nova (NDR : un des meilleurs fragments de l’elpee porte d’ailleurs ce titre !). Mais la coloration sonore est tellement subtile et délicate, qu’il faut prêter une oreille attentive pour s’en rendre compte. Début des eighties, Week-End et Everything But The Girl avait déjà exploré cette veine. Et si Austin Lace ne dispose pas d’une voix féminine du type Tracey Thorn, le falsetto de Fabrice concède certaines affinités avec le timbre de Ben Watt. N’empêche, pour bien noyer le poisson, Austin Lace a l’intelligence de nous entraîner vers des tas d’autres courants sonores. Funk d’abord. A l’instar de « Kill the bee » qui célèbre une rencontre entre Mercury Rev et Gomez. De « Bossa-nova », la meilleure plage de l’album, qui libère un groove rappelant le « Mellow gold » de Beck. Mais l’amplitude est telle que chaque écoute permet de nouvelles découvertes. « Say goodbye » lorgne ainsi du côté de Weezer, « To Ronald » s’achève par une envolée au violon que n’aurait pas renié Mud Flow ou encore « Your heart is a hook » étonne par sa violence maîtrisée. Mud Flow, Girls In Hawaii, Ghinzu, Showstar, Hollywood Porn Stars et puis maintenant Austin Lace, le rock wallon se porte plutôt bien. Et c’est une bonne nouvelle !