Une belle fille qui caresse son chat, dans sa cuisine. Elle se demande ce qu’elle va faire aujourd’hui, après son jogging matinal et la lecture du courrier. Il fait chaud : c’est l’été. Sa guitare traîne sur le porche, dans son étui vermeil acheté à Barcelone. Après une cigarette, elle décide de répéter ses dernières chansons, celles qui figureront sur son prochain album, « The Last Laugh ». Toute seule, elle chante dans l’ombre de la gouttière qui la protège du soleil. De jolies complaintes folk à la Shivaree. Elle espère qu’en studio, ses amis d’Acuarela emmèneront leur matos de fortune (une batterie, une guitare électrique, une flûte ou un petit synthé, pourvu que ses chansons ne restent pas à l’état d’ébauches). Son style à elle n’est pas encore très affûté, mais elle y met tout son cœur : « L’important, c’est l’émotion », pense-t-elle en regardant le soleil se coucher. A l’intérieur il fait encore chaud, et la poussière vole à chacun de ses pas sur le plancher du living. Elle pose sa guitare sur le fauteuil, caresse son chat et prend son bloc-notes. Lui reste à écrire quelques paroles, qu’elle récite de sa voix si rassurante, si souple (Suzanne Vega, Chan Marshall, elle aime). Mais il est l’heure d’aller se coucher. Le chat dort déjà au pas de la porte, restée entrouverte pour laisser entrer les lucioles. Irene Tremblay ferme les yeux, l’étui de sa guitare étendu à ses côtés. Demain peut-être songera-t-elle à terminer cet album, qu’elle espère réussi et sincère. Un dernier soupir : la voilà déjà au pays des rêves.