Sur la pochette de ce disque, trois types au milieu d’un champ se réchauffent en fumant des cibiches. L’un porte un képi. Le deuxième un casque pointu. Le troisième une moustache de Poilu. On dirait qu’ils s’apprêtent à charger l’ennemi. Le disque, d’ailleurs, s’intitule « 1914 ». La Première Guerre Mondiale. Les tranchées, la survie, le bruit des explosions. Et de fait, ce disque fait beaucoup de boucan : on y entend des guitares qui flambent, une batterie qui pétarade, une basse qui tronçonne. Et un type qui gueule comme s’il venait de sauter sur une mine. Ce type s’appelle Billy Childish, un vétéran de la cause rock’n’roll. Depuis plus de 20 ans, il sort des disques de « vintage garage » dans l’indifférence la plus totale, sous son nom ou divers pseudonymes. Il a joué dans des dizaines de groupes, dont les Thee Headcoat (une formation qui implique Holly Golightly, la bonne copine de Jack White). Jack White, justement, est un grand fan. Mais Billy n’en a pas grand chose à foutre : il fait du rock depuis tellement longtemps… Un peu comme Mick Collins des Dirtbombs (cfr The Gories et Blacktop), dont les Buff Medways sont assez proches : même énergie, même entrain, mêmes ululements d’amour (« Sonya Fagg », « Just 15 »). C’est crade, c’est bruyant, c’est violent. De Dick Dale (« Mons Quiff ») aux Sex Pistols (« Barbara Wire », punk), le rock a souvent côtoyé l’hystérie. Avec Billy Childish et ses Buff Medways, il continue sur sa lancée. Voilà ses plus beaux enfants bâtards… Et ils n’ont pas fini de brailler.