Joe est sans aucun doute le jeune chanteur/guitariste issu de la génération rock/blues contemporaine à rencontrer le plus de succès. Il n’a que 32 ans, et pourtant, sa carrière est déjà longue. « The ballad of John Henry » constitue déjà son neuvième elpee. A l’instar de ses deux précédents opus (NDR : c'est-à-dire "Sloe gin", un disque édité en 2007 qui est entré directement numéro 1 dans le hit parade blues du Billboard et le double live "From nowhere in particular", paru en 2008), il a été produit par Kevin Shirley (Led Zeppelin, Aerosmith, Black Crowes).
La plaque s’ouvre par "The ballad of John Henry". Une compo puissante et majestueuse qui rend une forme d’hommage à l'Américain moyen. Dès les premiers accords, on ressent la sophistication de la production. Chaque partie de l'espace sonore est bien exploitée. Les cordes acoustiques s'incrustent dès que le climat devient plus serein. D’autres cordes s’ajoutent pour assurer la transition entre le calme et l'orage. Une manière de procéder qui peut rappeler les mises en forme opérées par le Led Zeppelin, à l’époque de "Physical graffiti". La cover du "Stop!" de Greg Sutton (NDR : Samantha Brown, la fille de Joe et Vikki, en avait fait un succès populaire) baigne au sein d’un hard rock aux accents bluesy. Le climat est à nouveau majestueux. Le timbre vocal de Joe est à la fois posé, sérieux et grave. Enrichie par les cuivres, l’atmosphère est balayée par le flux et le reflux des cordes de la guitare. "Last kiss" est imprimé sur un tempo rapide. Constituée de Carmine Rojas à la basse, Bogie Bowles aux drums et Blondie Chaplin à la guitare d’accompagnement, la section rythmique est homogène et solide. A cet instant, Joe joue manifestement dans un style aussi féroce que Jimmy Page. La reprise du "Jockey full of bourbon" de Tom Waits est curieuse et très personnelle. A cause des accords de piano surannés en ouverture. Des vocaux soutenus par des cordes acoustiques et un violon. Et puis toujours de cette transition brutale vers les cordes amplifiées, ma foi, assez écrasantes. Les arrangements sont souvent complexes. Bien mise en forme, la musique est de toute bonne facture ; mais très souvent, elle évolue dans un univers typiquement hard rock. Et le très puissant "Story of a Quarryman" en est une nouvelle démonstration. "Lonesome road blues" nous recentre davantage vers le blues, mais un blues revu et corrigé par Whitesnake ou Bad Company, si vous êtes friands de références. Plus sobre, "Happier times" affiche une certaine classe. La mélodie est très belle. Les interventions aux claviers de Rick Melick vaporeuses. "Feelin' good" est une compo issue de la plume d’Anthony Newley. Il a écrit ce titre en 1965. Cette chanson a été reprise par une multitude d’artistes, dont Nina Simone, Sammy Davis Jr, George Michael et même les Black Cat Bones (NDR : cette formation issue du british blues boom, avait immortalisé sa propre adaptation sur l’elpee "Barbed wire sandwich"). Cette nouvelle version est excellente. Un blues rocker accrocheur, très bien chanté et ponctué par des interventions de slide royales. Nouveau changement de style pour "Funkier than a mosquito's tweeter". Une cover d'Ailene Bullock. L’approche funkysante, offensive, très cuivrée, est contrebalancée par les accords de piano acoustique. Excellent ! "The great flood" est plus douloureux, sinistre même. Il est vrai que cette composition ne reflète pas un moment heureux de la vie sentimentale de notre bon Joe. Sa détresse voile même son timbre vocal. La guitare est cependant plus fluide et paisible. C’est d’ailleurs dans ce registre que Bonamassa est le plus performant. "From the valley" se résume à un court instrumental acoustique. L'album s’achève par une reprise musclée d’"As the crow flies", une des compos les plus notoires de Tony Joe White.