Originaire de Detroit, dans le Michigan, Morgan a émigré au Canada en 1968. A Toronto, pour être plus précis. Avant d’entamer une carrière en solitaire, il a sévi au sein de toute une série de formations : The Rhythm Rockets, The Knights of the Mystic Sea et le David Wilcox Band. Il commet son premier elpee en solitaire en 1982 : "Ready to play". Chez Bullhead. Il embraie par "Morgan Davis", en 89. Pour Stony Plain. Puis "Morgan Davis Live" en 94 et "Blues medecine" en 99, deux opus concédés à Electro-Fi ainsi que "Hogtown years" (NDR : en réalité un recueil de compositions parues sur ses albums précédents) en 2003, sur un label indépendant. Morgan est un homme à tout faire. Non seulement il compose et interprète son répertoire, mais il conduit la camionnette, monte le matos et en règle l’amplification lors de ses concerts.
L'album s’ouvre par un "Driving the backroads" dont le rythme et le style sont empruntés à Howlin" Wolf. La voix de Morgan accroche bien. L’harmonica d'Al Lerman (de Fathead) entre en scène. Morgan joue de ses cordes, en manifestant un grand respect pour Hubert Sumlin. Imprimé sur un tempo syncopé, "Waffle house blues" nous entraîne subrepticement vers la Nouvelle Orléans. La voix un peu fausset lance un clin d'oeil à Dr John. L'orgue de Rod Phillips impose le rythme. Le funk est léger. Morgan joue de la guitare avec parcimonie. Ballade doucereuse, "Hello, Nova Scotia" s’avère très laidback dans son instrumentation. Un fragment nappé par les bien jolies notes d’orgue de Rod que tisse avec autant d’élégance le saxophone d'Al Lerman. Et dans ce contexte, la participation de Colin Linden à la guitare, n’est guère étonnante. Morgan accorde un solo original sur le R&B toujours aussi laidback "I'll find my way" ; dans un style proche de Santana, mais sans l'écho. Excellent downhome blues, "Gettin' old" met en exergue une remarquable partie de guitare. Originale en plus ! Peu de notes pour un maximum d'effets. Bienvenue dans cet univers sis quelque part entre Hubert Sumlin et John Lee Hooker ! Une sensation reconduite sur le titre maître, blues désespéré d'une rare beauté. Inspiré par le Delta, "Po' Bob" est un bref instrumental fragile et touchant. "She's my radiator" constitue assurément un des meilleurs moments de l’opus. Il nous ramène à la Nouvelle Orléans. Pour la circonstance, Rod Phillips est au piano et Al à l'harmonica. D’une efficacité permanente, la section rythmique réunit le batteur de jazz Mark Mariash et le bassiste du Jimmy Bowskill Band, Alec Fraser. Ce dernier assure, en outre, la co-production de l’elpee (NDR : il avait également mis en forme l'album de Raoul and the Big Time.) Morgan Davis est crédité de toutes les compositions de cette plaque. Ce qui explique pourquoi, lors de la remise des ‘Maple Blues’, il a été élu auteur-compositeur, chanteur et producteur de l'année. Chez lui, bien sûr. Au Canada. Un album sans prétention qui s’achève par une chanson empreinte de douceur et de charme : "Rainin' trains"…