Le buzz est énorme. Franz Ferdinand, quatuor art school de Glasgow, serait le sauveur du rock british. On connaît la chanson. Et celle-ci, comme les autres, devrait bientôt être sur toutes les lèvres. On murmure déjà qu’il s’agit du meilleur album pop-rock depuis un certain « Is This It ? », et que Casablancas n’en dort plus depuis qu’il a entendu ce « Take Me Out » à la radio - il est vrai une sacrée claque, un tube énorme ! On a l’habitude de crier au génie tous les six mois. La dernière fois, c’était pour « Elephant »… Le premier album de Franz Ferdinand serait donc l’album rock de l’année. Il commence pourtant à la guitare acoustique, le genre d’intro profil bas qui surprend le quidam rock en quête de sensations fortes. Mais très vite, la basse déboule, rugissante, et c’est parti pour quarante minutes de délires soniques tout bonnement jouissifs. « Franz Ferdinand », l’album, est bel et bien la tuerie annoncée. Comme chez Radio 4 et The Rapture, ces Anglais allient avec grâce et vigueur l’incandescence du rock et le groove du funk le plus torride. On acquiesce de la tête, on remue du bas-ventre. « Tell Her Tonight » confirme : voilà du post-punk qui claque aux genoux, comme si Devo et XTC se collaient des grosses pelles sur le dance-floor. Puis c’est « Take Me Out », qui débute comme un bon morceau des Strokes avant de virer la veste en cuir pour une tenue plus cool, genre jogging eighties XXL pour mieux gesticuler en rythme. Ce n’est que le début : « Matinee », c’est les Jam et Kevin Rowland qui se disputent le volant d’une Jeep punk funk tout terrain. « Auf Asche » se la joue d’abord intello (l’allemand), tendance bon bulletin (rappelez-vous Josef K), juste avant de tomber la cravate et de pogoter sous la boule à facettes. « Cheating on You » accélère encore la cadence, jusqu’à l’explosion extatique, le bonheur festif. C’est con comme un album de rock peut parfois donner la chair de poule. Et ça continue : « This Fire » et sa grosse basse à la Peter Hook, « Darts of Pleasure » (un titre prémonitoire), « Michael »… Il y a du Talking Heads, du Wire, du Buzzcocks, du Gang of Four chez ces quatre Anglais au look d’étudiants des Beaux Arts. Il y a de la classe. Il y a du talent. Ne tournons plus autour du pot : ce disque est formidable. Il donne envie de danser, de hurler, de sauter, de rire. « Things may come and things may go but the art school dance goes on forever ». Album rock de la semaine, du mois, de l’année.