Pour enregistrer “Kissin Time”, son précédent opus, Sister Morphine avait reçu le concours de Beck et de Billy Corgan. Deux ans plus tard, elle nous revient avec « Before the poison ». Son 21ème elpee studio. Mais pour la circonstance, elle a notamment bénéficié de la contribution de Damon Albarn (NDR : le chanteur de Blur !), du compositeur de musiques de film Jon Brion, de PJ Harvey ainsi que de Nick Cave et de ses Bad Seeds. Et le résultat va au-delà de toutes les espérances. Parce que les dix fragments de cet album collent parfaitement à son style vocal empreint de sensibilité, de fièvre, de grâce et de douleur ; une voix nicotinée, monochrome que certains n’ont pas hésité à situer à mi-chemin entre celle de Nico et de Janis Joplin. Une voix hantée, hantant ces textes à la beauté sombre. Une voix qui vous fige, vous glace et vous transperce l’âme. Polly Jean Harvey s’est investie pour cinq plages. Les plus arides, punkysantes, obliques, gothiques et dépouillées. Cave pour trois morceaux. Les plus mélancoliques, ténébreux. Encore que le tempétueux « Desperanto » trempe dans un funk sauvage (Beck ?), pendant que Marianne s’exprime sur un mode presque rap, souligné par des chœurs angéliques (Chumbawamba ?). Et si en finale, l’étonnante berceuse « City of Quartz » évolue au gré des instruments insolites, la meilleure chanson de l’opus demeure « Last song », la composition signée Albarn. Une compo élégiaque, enrichie d’orchestrations somptueuses, au cours de laquelle on entend les doigts glisser sur les cordes de la guitare. A vous flanquer des frissons partout. Un bien bel album !