Après un hiatus de quatre années, Daytona refait surface. Ce laps de temps semblerait une éternité aux yeux d’un public avide d’immédiat et de consommation rapide, mais il reflète parfaitement la philosophie de ce groupe atypique, très peu concerné par les conventions.
D’abord, il y a l’identité propre de ce combo hexagonal à géométrie variable. Truffées de références anglo-saxonnes souvent assumées, toujours revendiquées et ancrées dans une démarche sans concession, les compos font depuis le départ l’amour à la langue française.
Ensuite, l’expérience, accumulée au fil du temps érige les compositions au-delà de la simple chanson.
L’album est porté par un single (« Morceaux De Lune ») dont les échos radio-cérébraux se mêlent aux arpèges noirs d’un certain désir, offrant à l’écoute des évidences Pop teintées d’audace.
Et c’est bien là tout le talent du band lyonnais que d’offrir sous le vernis de plages certes, bigrement bien composées, de la matière à digérer. Ainsi, au fil des écoutes, les subtilités se découvrent comme autant de charmes agissant derrière un voile léger. De cette pseudo évidence qui masque si bien tant de richesses, ressort une œuvre dense et fichtrement bien ficelée.
Servi par une production léchée mais certainement pas figée, les onze pistes s’offrent généreusement tout en se gardant de se dévoiler trop vite.
Cajoleurs certes, mais loin d’être putassiers, en somme.
Réussissant la gageure de rester iconoclastes, touchants, révérencieux et subtils d’un bout à l’autre de cet excellent long playing, le band pourrait se targuer de défendre pour leitmotiv : loin du mainstream mais proche des étoiles…