Le grizzli ? La grosse bête poilue, toute brune à la courte queue ressemble à un gros nounours à la démarche pataude. Winnie l’ourson mange des poissons et hiberne peinard dans ses petites montagnes nord américaines. C’est quoi ce délire ? Nous sommes ici pour parler musique ou de nos trente millions d’amis ? Reprenons : Gisli, mesdames et messieurs, voit le jour à Reykjavik. Là, il se nourrit quotidiennement d’une dose irraisonnable de chewing-gums et de rock alternatif inclassable, à l’image de Beck ou de Pavement . Tout joufflu, tout gentil, notre petit Gisli officie en groupe et bricole une pop folky réjouissante matinée de hip-hop et d’expérimentation sonores audacieuses. Sur "How About That ?" ou "Go Get Em Tiger", nos Islandais ont déniché la voie originale désertée par le Beck de "Mellow Gold". A la guitare acoustique, "Worries", titre magique et envoûtant libère une autodérision thérapeutique. Gisli signe ici une comptine dépressive d’anthologie, un bijou de simplicité. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais non, cette jolie collection de titres fourre-tout s'embellit encore à l’écoute de "Passing Out" et du hip-hop virevoltant de "Can You Make Me Right". Peut-on reprocher à Gisli de récupérer un passé tout proche ? A l’heure où Beck sort difficilement de la crise de la quarantaine et Eels entre courageusement dans une nouvelle phase de dépression incontrôlée, Gisli se présente comme la meilleure alternative et de loin.