La longue introduction de ce CD, alliage d'avant-gardisme bruitiste et d'une musique expérimentale, notamment héritière de Soft Machine, pourrait dissuader plus d'un auditeur. L'album mérite pourtant une oreille attentive et révélera au fil des plages sa variété et sa richesse d'inspiration. La deuxième propose en effet une évolution de l'intro, toujours emmenée par un saxo fou, mais cette fois assise sur une rythmique jazz-rock/ fusion lancinante. Radical changement d'atmosphère pour la courte troisième plage, la première chantée, puisqu'on se retrouve en plein pop psychédélique labellisé fin sixties. Chez 'Hazy Paradise', le cinquième morceau, la tendance rétro se confirme puisqu'elle nous plonge dans cet univers léger et désuet cher au AIR de 'Virgin Suicide'. 'Kiseichukan Nite', qui suit, tranche complètement : une voix déclame un texte en japonais sur une musique orientale tranquille. Vient ensuite 'Piper', introduit par une flûte 'plus celtique que çà tu meurs' avant d'évoluer en chanson très pop à nouveau 'empruntée' aux psyché-sixties. 'Ganagmanag', nouvel instrumental, offre une rythmique jazz/ fusion teintée d'Orient avant de partir en syncope galopante. Ce sont carrément les spectres de Pink Floyd, Moody Blues ou Procol Harum qui planent sur 'Feed'. La formation revient côtoyer modernisme et parfum celtique sur 'Holy High'. Et la clôture, sur des paroles de Syd Barrett, nous ramène un dernier bol d'AIR (oui, bon: on ne peut pas être très fin à tous les coups). Le groupe est japonais mais le chant exprimé en anglais bénéficie d’une bonne voix. Le CD jouit d'une bonne production. Les paroles et commentaires sont volontiers ésotériques. Reste une question essentielle: sur la pochette arrière, que fait cette bande de japonais devant une palette de tuiles flamandes? Un paradoxe qui me hante, je l'avoue…