Issu d’Ottawa, ce jeune chanteur guitariste n’est âgé que de 23 ans. Pourtant, il a fondé son premier blues band en 1998. Eponyme, le premier album de son groupe paraît l’année suivante. Autoproduit, très mal distribué, il constitue pour les limiers du blues, une révélation. Début 2001, il commet "Defibrillatin" (Crosscut) et en 2002, "Bogart's bounce" (Northern Blues), un disque pour lequel il avait reçu la collaboration de Kim Wilson et de Gene Taylor. Son ami Kim s'est proposé de mettre en forme son nouvel opus.
Cette plaque commence de la plus belle manière ; c'est-à-dire par un "Shake that mess" parcouru par une guitare aux accents west coast jump, qui s'exclame devant force cuivres détonants. En l’occurrence les Wind Chill Factor Horns que composent trois saxophones et une trompette. Le son de la guitare dispensé par JW est superbement rendu. La production de Kim Wilson y est sûrement pour quelque chose! Jones reprend le "What you do to me" de Johnny Guitar Watson et Johnny Otis, un morceau qui semble sortir droit sortir d'un jukebox des fifties. Mais il ne le chante pas, ce rôle ayant ici été dévolu à son compatriote Colin James (du Little Big Band). Wilson est parvenu, vous l'aurez deviné, à déterminer le son adéquat pour les cordes. Caractérisée par des chœurs semblant sortir d'un beat band du Liverpool des années 60 et une guitare assez furieuse, "Ain't gonna lie" est une composition plutôt étonnante. JW y montre encore une fois les limites de sa voix qui constitue assurément son point faible. L’adaptation du "I don't know" de Willie Mabon est un véritable bonheur. Mais c'est bien Kim Wilson qui assure les vocaux ! Geoff Daye martèle son piano. Les cordes sont inspirées par cet environnement. Elles éclatent à l'avant-plan. Le deuxième chorus emprunté par JW est particulièrement saignant. Le gamin est vraiment déchaîné ! Il empoigne le micro et chante d’une manière plus assurée son "Cheating woman". Un bon slow blues, chargé d'atmosphère. Saturé de sensibilité, le solo sent bon le westside de Chicago. Très Memphis R&B, l’instrumental "Nothing on me" met en exergue un sax ténor de classe, que nous réservent Brian Asselin ou Steve Trecarten. Inspiré une nouvelle fois du Westside sound, et tout particulièrement par le rythme de la guitare de Magic Sam, "You can't fool me" est un autre blues très réussi. Superbe instrumental, "Slow down" démarre dans le pur west coast jump, fait soudain faire machine arrière et prend la direction de Chicago, avant de terminer sa course sonore du côté de chez BB à Memphis. Excellent ! JW met alors le cap vers la Nouvelle Orléans. Il reprend le célèbre "Blue Monday" de Dave Bartholomew et Fats Domino. Et c'est Kim qui chante dans un répertoire qui lui va à ravir. Swamp blues issu de la plume de Jay Miller, "You've got me" observe une nouvelle pause en Louisiane. Une compo caractérisée par des changements de rythme, le chant paresseux de Colin James et le solo d'harmonica convainquant de Kim Wilson. Instrumental très cuivré, "Code blues" baigne dans le swing jazz tout en autorisant des exercices de classe en solitaire à la guitare, à la basse et au piano. Kim souffle encore remarquablement tout au long d’"Aching pain", un blues à ras de terre. Cet album de bonne facture s’achève par "Let's have a ball", un fragment imprimé sur un tempo assez boogie rock'n'roll, au sein duquel Daye tire son épingle du jeu, au piano. A suivre de très près!