« Lost With the Lights On » constitue déjà le neuvième album de Simon Joyner, troubadour folk toujours pas remis de sa dernière cuite dylanesque. Il faut dire qu’au Nebraska, terre d’accueil de Joyner, le temps maussade n’invite pas à la fête : à cet égard, écouter l’album du même nom de Springsteen peut rapidement donner l’envie de rester au pieu jusqu’au coucher du soleil… Pareil pour ce disque, crépusculaire et cafardeux, sans doute enfanté dans la douleur et la solitude d’une nuit sans fin à compter les étoiles. Pas forcément drôle, mais d’une beauté lancinante qui vaut bien un séjour prolongé dans la pénombre, à côtoyer les fantômes de Johnny Cash et de Merle Haggard. Simon Joyner ne connaîtra sans doute jamais la gloire de ses précieux aînés (Cohen aussi), mais à l’instar d’un Molina (Songs : Ohia) sa musique donne l’effet apaisant d’un Xanax avalé avant d’aller dormir : très vite on se laisse submerger par ces ambiances indolentes, jusqu’à perdre conscience et rêver de jours meilleurs. Sépulcral et pesant, même la lumière allumée.