John Mayall est une légende vivante. Le vétéran du blues anglais a fêté ses 85 ans, fin novembre 2018. Et à coup sûr, c’est un des pères du blues anglais. Non seulement, il a fait le bonheur de plusieurs générations de mélomanes accros au blues, mais c’est un indiscutable découvreur de talents. Parmi ces promesses qui ont transité par son groupe, les Bluesbreakers, figurent Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor, dans les sixties ; et plus tard, Coco Montoya ainsi que Walter Trout, mais la liste est loin d’être exhaustive. Depuis le départ de son dernier gratteur, le Texan Rocky Athas, les Bluesbreakers sont réduits à une section rythmique, basse et batterie. Dès lors, il était facile d’imaginer que ce « Nobody told me » serait enregistré en format trio. Et bien non, le vieux John a cédé à la tentation d’inclure des guitaristes plus ou moins connus.
Il vrai que l'ouverture est classieuse. Le "What have I done wrong" de Magic Sam laisse déjà le premier rôle au jeune et très doué Joe Bonamassa. Le choix des solistes révèle quelques surprises comme celui du Canadien Alex Lifeson, fondateur du groupe à succès Rush. Appliqué au piano et à l'harmonica, ses interventions sont fluides et chargées de feeling, face à Mayall. Plus étonnant quand même, la présence de Todd Rundgren, jadis leader de Nazz et Utopia, sans oublier sa carrière solo, qui mérite le respect. Il participe au funky/r&b "That's what love will make you do", un morceau signé Little Milton. Steven Van Zandt, le guitariste du E Street Band de Bruce Springsteen apparaît lui aussi sur "It's so tough". Carolyn Wonderland est moins connue du grand public, mais cette Texane (NDR : elle est issue de Houston) a de l'étoffe. Elle collabore à trois plages dont le blues lent de rigueur "Nobody told me". Et, dernière nouvelle, Miss Wonderland vient d'être invitée à assumer le rôle de gratteuse, au sein du Mayall Band. Encore une œuvre de qualité à créditer pour John Mayall, même si ce n'est, bien sûr, pas sa plus déterminante.