Kenny ‘Beedy Eyes’ Smith n’est autre que le fils de Willie ‘Big Eyes’ Smith. Dans la famille, les grands yeux sont donc devenus globuleux mais père et fils se partagent la passion pour la batterie. Il est vrai que le regretté Willie a milité, durant 18 ans, au sein du Muddy Waters Band, un fameux pedigree pour tout bluesman qui se respecte. Beedy Eyes est devenu un drummer très respecté et il a déjà remporté de nombreux awards. Il a créé son propre band, the House Bumpers. C'est le bassiste Felton Crews, un ancien musicien de Miles Davis qui complète la section rythmique. Autour de ce duo, d'excellents musiciens ont collaboré à la confection de cet opus, dont plusieurs gratteurs talentueux, parmi lesquels figurent l’omniprésent Ari Seder, mais également le vétéran Billy Flynn, un blanc passionné de jazz.
Blues authentique, "Head pounder" est une ouverture royale, une piste idéale pour une formule trio. La voix de Kenny est poignante. Elle peut cependant s’appuyer sur des cordes acoustiques, le sitar de Flynn et l'harmonica du concitoyen, Omar Coleman. Luca Chiellini balise "Hey daddy" de ses ivoires, un Chicago blues classique au cours duquel les trois rejetons du leader, Mae, Clara et Theodore, donnent la réplique vocale à leur daddy. Superbe blues lent, le titre maître est enrichi de chœurs féminins, alors que les interventions de Greg Guy (NDR : c’est le fils de Buddy et il sait de qui tenir !) à la six cordes sont somptueuses. Et chacune d’entre elles est un réel bonheur. Que ce soit sur les plages funky aux arrangements contemporains ("What in the world" et "Living fast", souligné par l’harmo de Sugar Blue) ou le blues indolent "No need brotha'", un slow tapissé par l'orgue Hammond de Luca. Billy Flynn est aussi en verve tout au long du shuffle "Keep on pretending" ainsi que du r&b nerveux "Scratchin' your head". Et c’est sous la forme d’un trio, Nelson Strange se chargeant de la gratte et Kimberley Johnson des vocaux, que Kenny se révèle le plus orignal, à travers "One big from". Excellent !