Originaire de Detroit, cette fille a découvert sa musique de prédilection à l'écoute d'Aretha Franklin, Etta James et Koko Taylor. Et il faut reconnaître que depuis quelques années, elle s’est imposée comme une vocaliste de talent. Mais c'est en Californie que son succès a véritablement éclaté. Son premier opus, "It takes one to know one", remonte à 1997. Depuis, elle a commis "My bad luck soul" en 1999 et "Blues ain't pretty" en 2001, chez Blues Leaf. Et ce troisième elpee, "Use what you got", toujours pour le même label.
La voix veloutée de Janiva s’impose immédiatement dès le "I'm lost without you" de Memphis Slim. Quel organe! Une voix très musicale et modulable qui affiche une grande facilité dans les changements de rythme. Son guitariste signe une première sortie nerveuse, coupée au rasoir. Dave Woodford sollicite lui aussi un premier solo sur son sax ténor. La voix est parfaitement huilée. Elle maîtrise en ‘lady shouter’ naturelle la plage générique, "Use what you got", face aux deux saxophones baryton de David et Jeff Turmes, le fidèle compagnon, tandis que Zach se montre insatiable sur ses cordes. Manifestant un maximum de feeling dans la voix, Janiva aborde une très belle ballade louisianaise : "I'm not ashamed". Elle me fait ici penser à la quintessence de Marcia Ball. Nous sommes entièrement sous l’emprise du redoutable pouvoir de séduction exercé par notre chanteuse. Signé Denise La Salle, "Find a fool" campe un R&B funky. La prestation de Zunis demeure un véritable plaisir pour nos oreilles. Le "How much longer" de Jeff Turmes a été taillé sur mesure pour la voix expressive de Janiva. Le piano d’Andy Kaulkin sautille pendant que Zach s'amuse comme un fou. L'intensité des lumières diminue. Le sax de Woodford envahit aussitôt cette ambiance moite de fin de soirée. Janiva peut chanter en toute humilité l'inoubliable et savoureux "Stormy blues" de Billie Holliday. Remuant, illuminé par les sorties de Zunis et de Woodford, "You better love me" est du pur R&B. Dans le même registre, le "All night worker" de Rufus Thomas est encore plus envoûtant. Le sommet de l'album est atteint par le "That's why I'm cryin" de Magic Sam. Zach Zunis se sent comme un poisson dans l'eau au sein du son Westside de Chicago. Ses échanges opérés avec la voix dominante et plaintive de Janiva sont franchement brillants. Direction plein sud, et en particulier vers la Nouvelle Orleans pour le "Who's gonna help a brother get further" de Lee Dorsey et Allan Toussaint. Un funk enrichi de percussions et de cuivres, bien entendu ! Pour bien nous démontrer la variété de son répertoire, elle reprend le "Who will the next fool be" de Buddy Rich. Tout au long de cette excellente ballade country, elle se montre une nouvelle fois proche de Marcia Ball. Elle redevient l'excitante blues shouter sur le rythmé "Matchbox" d'Ike Turner, une plage au cours de laquelle Zunis se révèle décidément très versatile. Sa performance accordée tout au long de cet opus est vraiment remarquable. Ce très bon album s’achève par une reprise intéressante du "Don't start cryin' now" de Slim Harpo. Et pour que votre information soit complète, sachez que Lady Magness s'est chargée elle-même de la production. En outre, un nouvel elpee est annoncé chez Nothern Blues Music, pour cet été…