A première écoute, on a l’impression que l’univers sonore d’Alain Gibert est très proche de JP Nataf, alors que sa voix évoque plutôt Etienne Daho, un univers qu’on pourrait qualifier de savamment classieux et frais.
Il s’agit de son second opus et il mérite qu’on y prête une oreille attentive…
Son « Canyon Alibi » sert de refuge au sein duquel l’artiste se livre sans concession sur des sujets aussi divers que variés, un peu comme un melting-pot philanthropique. Il s’y épanche joyeusement, ses compositions, avouons-le, se révélant, le plus souvent, d’une légèreté parfois confuse et dérangeante. Le tout au travers un prisme d’arrangements judicieusement orchestrés grâce notamment à la patte de l’ingé-son Fred Lafage.
Si le choix des thématiques manque d’audace et d’(auto) persuasion comme sur « L’amour est un duel » (en duo avec Laurie Mammoliti) ou encore « Retour métropole » qui narre le retour au pays d’un expat’, la vraie richesse de cet opus se loge au cœur des lignes mélodiques aux cordes en forme des couleurs de l’arc-en-ciel, le tout saupoudré d’un soupçon d’orgue et d’interventions de piano jazzyfiantes (« Les portraits qui s’ennuient »). Lorsque ce n’est pas la steel guitare qui prend le pas sur « Le meilleur pour la fin » ou encore la six cordes pour une « Opération Topaze ». Et si le violon traverse « La terre de tes ancêtres », un banjo berce « Tristan et Juliette ».
Sous cette légèreté faussement apparente, ne se cacherait-il pas en toile de fond un travail extrêmement riche et audacieux, voire abouti, où le musicien s’engage sans contrefaçon, ni apparat ? Effectivement, on peut le penser…
Bref, si le format n’est pas d’une modernité absolue, il reste tout de même un bon album de chanson française, qui finit par séduire si l’on s’y attarde.