La prose épurée de Jessica Lea Mayfield naît au creux d’une succession de hasards. Quelques accords de guitare appris en famille, enregistrés sans moyens dans une chambre et l’un des cent exemplaires pressés arrive aux oreilles de Dan Auerbach (The Black Keys). La voie salutaire du MySpace établit le contact et, presqu’aussi instantanément, un premier huit titres voit le jour dans le studio du mécène. « With Blasphemy So Heartfelt » est la consécration de cette suite fortunée, trop bien engrangés que pour s’être nourri exclusivement d’aléas. Il y a, en effet, chez la jeune Américaine ce petit quelque chose d’intimiste qui séduit dans l’ombre. Cette voix délibérément brute et enrobée de simplicité qui rappelle Alela Diane. Ces compositions uniformes et brumeuses qui patinent en douceur les aspérités de nos pensées. Une myriade de sons pour envelopper cet univers onirique : xylophone, orgue, batterie, banjo… Et enfin, des fils soyeux pour tisser finement les éléments entre eux. Mais il faut reconnaître que la lenteur et le stoïcisme peuvent à la longue émietter l’album. Comme de coutume, on peut en blâmer les 19 ans à peine accomplis et espérer que la maturité fera œuvre de volonté et détermination. En attendant, il faudra accepter que le temps glisse sans heurts sur ce disque un peu trop volatile pour s’affirmer ici-bas.