Robert Pollard ne fait jamais les choses à moitié. Il vient donc de graver un double album studio réunissant la bagatelle de 32 morceaux en 75 minutes. Auteur de plus de 100 elpees à ce jour (NDR : le 26eme pour GBV), si on tient compte de l’ensemble de ses projets, il aurait ralenti la cadence. Ce qui ne va pas l’empêcher de publier un nouvel opus, en février 2020, dont il a déjà choisi le titre, « Street party ».
Mais penchons-nous sur « Zeppelin over China ». Tout d’abord et c’est une constante, la voix sinusoïdale de Bob évoque toujours autant celle de Roger Daltrey, mais sans grimper aussi haut dans les octaves. D’ailleurs quelques plages (l’enlevé « Wrong turn on » et l’hymnique « My future in Barcelona », au cours duquel son esprit tordu imagine sa retraite lointaine) rappellent carrément le « Tommy » du Who. Mais pas seulement. Faut dire qu’en 32 pistes, il y a de quoi varier les plaisirs. Plusieurs plages sont enrichies d’arrangements de cordes et même de cuivres (la valse lente « Vertiginous Rafts »), des arrangements qui communiquent alors souvent un profil prog à l’expression sonore ; et c’est particulièrement flagrant tout au long de « The hearing department » ainsi que « Question of the test ». Et puis d’autres baignent dans le groove metal yankee (Prong ?), comme « Blurring the contacts », « Holy rhythm » et même « Carapace », dont le riff rythmique et hypnotique semble emprunté au « You really got me » des Kinks. Précision, le line up implique deux ou trois sixcordistes, selon les morceaux. Punk, « Where have you been all my life » est attaqué dans l’esprit… d’Ed Kuepper, alors que le légèrement psyché « Cold cold hands » réserve des harmonies vocales hantées par David Byrne. Interprété au piano, et enrichi d’arrangements de cordes, « Enough is never at the end », nous entraîne dans le cabaret tandis que « Jam Warsong » adopte le rythme du boogie bolanesque. On épinglera encore des titres semi-acoustiques et des compos plus pop, dont celle qui bénéficie d’une superbe mélodie, « Everything thrilling ». Enfin, c’est Travis Harrison qui s’est chargé de la mise en forme et tout particulièrement de ces fameux arrangements de cordes, apportant à la musique fondamentalement lo-fi de Guided By Voices, une dimension plus majestueuse…