Les oreilles grandes ouvertes, nous découvrons "Eyes Wide Open", titre d’ouverture. L’inquiétante intuition de se reprendre une mauvaise dose de castrat ‘sexophile’ sauce Darkness nous envahit. Au chant, la voix de James Taylor grimpe maladroitement dans les tonalités aiguës, tel un chat de gouttière dans un arbre. Un coup de vent fait vaciller le félin de son perchoir, James Taylor abandonne alors ses apparats de petit gredin à la croix de bois et lâche un cri primal dès "Can you hear me ? ", seconde livraison de l’album de The Rocks (NDR : quel nom !). Le quatuor enclenche la vitesse supérieure. "We Got It" et sa sinusoïde hypnotique verse du côté dansant de la force obscure de la formation britannique. Mauro Venegas perpétue des riffs tranchants alors que cette chère Sarah Bacon dépose ses jolis doigts sur le manche de sa guitare rythmique. Illusion nostalgique : la belle guitariste ressemble à s’y méprendre à un clone de Deborah Harry. Cette sensation est curieuse mais guère déplaisante. Sur "I won’t need you when you’re dead", le chant s’emballe et croise désormais le fer à la mémoire de Sid Vicious. Bref, le timbre de Taylor dérape et part méchamment en cacahouète. Vrille gutturale incontrôlée jusqu’au rageur "Everybody in the place" qui plonge le groupe dans un chaos revigorant, enivrant. A la basse, Chris Mann tente inlassablement d’insuffler une ligne de conduite à ses confrères indisciplinés mais éprouve visiblement toutes les peines du monde à soutenir l’élan suicidaire entamé par ce flot de décharges électriques. Mais cuivrée et costumée, cette bande de sales gosses est également capable de retrouver son calme, de s’appliquer et de signer quelques titres intemporels, à l’image de ce simple et mélodieux "What have you done". The Rocks joue dans la catégorie punk désinvolte. A ce jour, la sincérité qui anime ces quatre-là demeure leur plus furieux atout dans la perspective de conquérir un auditoire laissé en jachère, suite au passage manqué du second album de The Eighties Matchbox B-Line Disaster.