Deuxième album de « Son, Ambulance », « Key » aurait pu être une très belle réussite. Passé le faible morceau d’introduction (« Paper Snowflakes »), on se dit en effet que l’on tient peut être là un groupe ayant compris comment faire de la pop romantique à l’anglaise sans tomber dans les travers habituels du genre. Portés par une musique emphatique (NDR : mon Dieu, que de piano ! ! !) étrangement touchante et une voix évitant les inflexions pénibles ‘à la Chris Martin’ pour se poser dans un registre plus proche de celui de Jarvis Cocker (leader de Pulp), les premiers morceaux de l’album étonnent par une certaine légèreté empreinte de nostalgie. Ainsi, « Billy Budd » et son petit parfum rétro font mouche alors que « Chlorophyll » émeut par la grâce d’un métissage improbable entre Travis et Coldplay. Dans la continuité, un « House Guest » aux arrangements kitsch proches de Maximilian Hecker ou encore le plus enjoué « Taxi Cab Driver » finissent par donner l’impression que le groupe maîtrise parfaitement son sujet… Et puis, alors que l’on semble s’acheminer tranquillement vers une fin de disque ‘pépère’, l’irréparable survient sous la forme de trois morceaux franchement laids. La première salve est tirée par « Glitter Angel », sorte de slow FM sirupeux clôturé par un solo de guitare dégoulinant. Ensuite c’est carrément l’invasion barbare qui gagne l’ego trip de « If I Should Fall Asleep » et un « Pleasure Now » portant décidément bien mal son nom… La bataille terminée et les cendres refroidies surgit une interrogation : comment la bande de petits poètes du début a-t-elle pu se transformer en une horrible armée au service des forces du mal (NDR : question que se posait également mon grand-père au sujet des Allemands pendant l’entre-deux guerres…) ? Répondre à cette question permettra, on l’espère, à « Son, Ambulance » de produire un troisième album digne des réelles qualités entrevues avant que son côté obscur ne l’emporte… (NDR : avant le triomphe du côté obscur…)