“Cabin in the sky” est donc l’album de la reformation pour Tuxedomoon. Nous avions déjà eu l’occasion d’apprécier l’un ou l’autre titre lors de leur prestation accordée dans le cadre des Nuits du Bota, en septembre dernier. Mais vu le perfectionnisme affiché par le groupe en studio, il était assez difficile de se faire une idée exacte du produit fini. Et comme Steven et Blaine nous le confiaient à cette époque (voir interview), il est beaucoup plus instrumental. L’absence de Winston Tong n’explique pas tout, puisque les musiciens ont décidé de consacrer le ventre mou de cet opus à l’expérimentation. Au sein de laquelle l’électronique a une place de choix. Un disque pour lequel ils ont reçu le concours de John McEntire (le leader de Tortoise), des post rockers allemands Tarwater, Aksak Maboul, Marc Collin, Juryman et Dj Hell. Bref des artistes contemporains qui tirent largement parti de la technologie moderne. Au cours de cette phase torturée, plus complexe, on navigue allègrement du jazz (Miles Davies ?) au classique (Debussy ?) en passant par la prog (King Crimson circa « Islands » ?), l’ambient (Eno ?) et l’électro-atmosphérique (NDR : bien évidemment !). Et la liste n’est pas exhaustive. Après avoir traité du cœur de l’opus, venons-en au corps. La tête tout d’abord. « A home away » et « Baron Brown », deux fragments énigmatiques, mystérieux, qui s’inscrivent parfaitement dans la lignée de « Desire » : basse pulsante, cuivres reptiliens, boîte à rythmes capricieux, voix caverneuse… Tout y est ! Dans un univers qui baigne au sein d’un climat hypnotique, envoûtant. Chanté en italien par Reininger sur un ton cabaret, « Diario di un egoista » constitue le parfait pastiche de Paolo Conte. Toute l’œuvre véhicule d’ailleurs un feeling cinématographique, projetant même des images de films noirs ou romantiques. Quoique instrumental, le remarquable « Annucialto » est tramé sur un piano sonore. Légèrement tapissé de bruitages psychédéliques, il me rappelle le célèbre « How much are they ? » de Holger Czukey, Jaki Libezeit et Jah Wobble, mais en moins rythmé. Une composition reproduite en final de l’elpee, mais sous une version différente. Et puisqu’on en vient aux jambes de « Cabin in the sky », Blaine emprunte un timbre de crooner ( Neil Diamond ?) pour interpréter le fragment le plus accessible, « Misty blue » ; alors que le festif, très orienté dance « Luther Blisset » réalise un cocktail plutôt réussi entre cuivres et percussions tribales. En commettant un tel opus, Tuxedomoon déjà réussi son come-back…