Une question qui restera sans réponse : oui, qui coupera nos cheveux une fois qu’on sera mort ? Nicholas ‘Neil’ Diamonds, J’Aime ‘Jamie’ Tambour et Alden Ginger (sic) semblent hantés par le doute, celui qu’ils laisseront une fois que les pissenlits boufferont leur corps six pieds sous terre. Heureusement leur musique, elle, côtoie déjà les anges : bric-à-brac lo-fi d’indie pop (Pavement, Sebadoh, Ween) et de folk Haribo (Moldy Peaches, Jeffrey Lewis), « Who Will Cut… » ressemble un peu à nos vieux cahiers d’école d’il y a 20 ans, gribouillés de dessins naïfs et de monstres gentils. Aujourd’hui on les feuillette avec nostalgie, en rigolant de nos bêtises, mais en prenant garde de ne pas corner les pages : de vieux souvenirs, mais qui pincent encore le cœur, comme une vieille rengaine adolescente. Ce je-m’en-foutisme mélodique, cette nonchalance bienveillante (et on se rappelle U.N.P.O.C., grands oubliés de 2003-2004), ces mini-tubes tués dans l’œuf (The Unicorns ? Paraît qu’ils ont déjà splitté…) : autant d’ingrédients qui rendent un disque forcément attachant, à défaut de retourner le ventre. S’ils sont déjà morts (de rire ?), on ira fleurir la tombe de ces Canadiens frivoles. Dessus, on écrira au feutre rouge, en pensant à John Peel : « Teenage Dreams, So Hard To Beat »… Sans oublier la tondeuse et la paire de ciseaux. Amen, et qu’ils se marrent en paix.